Lorsque la porte s'ouvre brutalement, je ne sursaute pas de surprise, au contraire, mes sourcils se froncent ostensiblement. Quelque chose définitivement ici, j'entends à peine les dires de mon accompagnatrice. Me révélant extrêmement sérieuse, ma jeunesse passe au second plan pour révéler un professionnalisme insoupçonné chez moi. Je ne suis pas là pour rie, si j'ai été capable de lier un Ancien à une simple humaine malgré mon inexpérience je dois faire encore plus gaffe. Ma mère a pu sceller correctement l'exorcisme, mais ça lui a couté un bras alors qu'il n'a suffit que de ma volonté.
Sans perdre une seconde, je pénètre dans la maison, Ad sur mes arrières. Je ne réagis pas à la fraîcheur, le mental primant sur le physique. M'assurant de rester discrète, je hume l'air pour identifier ce qui se trame ici. Mais je suis soudainement perturbée par le claquement de la porte et la réaction intempestive de la grande dame. Son fessier contre le mien, je titube sous la surprise. Je fais volte-face pour toiser cette femme venue de nul part, puis je hoche la tête, elle s'excuse. Ce n'est pas grave. En l'instant une froideur me gagne peu à peu, je place mon index sur mes lèvres pour lui intimer le silence. Il était sans équivoque, s'il est question de vie ou de mort, je ne rigole pas. Je suis éduquée à devenir un jour la Matriarche. Si ma mère est l'impulsivité même, moi, je peut faire preuve d'un détachement affligeant.

Laissant la chercheuse s'agacer sur la porte, je la laisse tranquille pour m'engager dans le corridor. C'est vraiment touchant de la voir ainsi, elle dégage un charme qui m'attire, je ne peux le nier. Les femmes fragiles et brisées, je les aime beaucoup. Elles sont généralement très câlines, j'ai envie de les chouchouter avec mes costumes. Attendrie, je me surprends à avoir un air maternel sur mon visage durant quelques secondes en l'observant du coin de l'oeil tandis qu'elle se reprend telle une guerrière. Bien. Malheureusement, je dois délaisser Ad.
Je mène le pas, il est inutile de cacher mes dons démoniaques tant que ma race n'est pas à la vue de tous. Et puis voulant frimer un peu, je tends ma paume vers le haut à demi-hauteur. De là, se forme une étrange masse venue de ma propre chaire qui se détache de mon épiderme. Pas de sang ne se voit. Un organe se forme, méconnaissable, comme une sphère transparente difforme. L'instant d'après, cette chose se met à émettre une douce lumière froide bioluminescente à la couleur d'améthyste. Si le Sang me permet de faire beaucoup de chose, l'altération et l'instabilité du au Néant contenue dans ma nature altère la condition des Démons de Sang. En quoi ? En l'évolution positive comme régressive. J'ai de la chance de ne pas avoir besoin d'être infectée pour atteindre cet état de Tout et de Rien évolutif grâce à ma nature. Mais c'était dangereux. Par exemple, si la sphère devient incontrôlable, je peux lui donner vie... comme la réduire à l'inexistence. Donc restons dans le tas de simple chair luminescente.

Du sol, du plafond et des murs, suintent d'étranges fluides, asséchées pour la plupart. Mais il en dégage une odeur pestilentielle atypique des Malades. Mince, serait-ce un cas d'infection primaire ? Je porte ma main libre sur mes narines en grimaçant. La boule de lumière flotte toujours sur ma paume. Selon ma mère, il s'agirait d'un cas de possession d'une fille d'Archidémone du nom de Naamah. Donc une démone supérieure. Le Vatican soupçonne une fille bâtarde de la Matriarche Lillith la mère des Succubes. J'en doute fortement, je toussote alors que nous débouchons sur le salon à notre droite et la cuisine à gauche. Les deux sont dans le même état que le couloir. Par pitié, est-ce que cet horrible silence aura une fin ? Je distingue une forme de vie à l'étage, probablement la chambre, salle de bain ou bureau ? Le pouls est très rapide et nous avons été repérée. Je signale à Ad de faire attention avec un signe de la main.

"Je pense que nous avons à faire à un cas de possession d'un Malade, c'est rare mais ça arrive de temps à autre et c'est probablement démone supérieure. Préparez-vous, que rien ne rentre dans vos orifices que ce soit du sang ou de la salive ou... d'autres substances. J'espère que la possession n'a pas trop fait muter cet habitant. Nous sommes la journée, il devrai être dans état végétatif à cette heure de la journée. Savez-vous vous défendre ?"

Je me suis retournée pour signer, faisant jongler la sphère violette jouant sur nous et le décor. Donnant un aspect un peu plus fantomatique. Réfléchis, Eden, réfléchis. Que peux-tu faire pour la protéger sans l'endormir ? Ou la mettre dans une boule de cristal sanguin ? Je fais une légère moue, puis ma mine s'éclaircie. Amusée, je retire mon foulard, révélant ma gorge immaculée d'un blanc laiteux presque translucide. De ce bout de tissu, se dégage une forte fragrance de lavande. Je l'entoure autour de Ad afin de couvrir son cou jusqu'à son nez que je noue derrière son cou sans lui poser la question. Par moment, j'en oublie les codes de la société et de ma propre rapidité. Je ferme ensuite son décolleté si c'est possible pour cacher cette opulente et belle poitrine. En ce qui concerne les oreilles, je retire mon propre bonnet que je mets de la même manière sur Ad. elle avait une drôle de tête, ça la rajeunit et la rend adorable. Je recule pour admirer mon office. Bien. Ses orifices sont protégés un minimum. Du coup, mon carré asymétrique d'un blond cendré terne apparaît, un peu en bataille. Le col de ma blouse de chercheuse blanche au bord noir qui me colle au ras de cou apparaît. Couvrant ce qui aurait du être un délicieux décolleté par mon trench rouge sang.

"Vous êtes humaine, il est primordial de vous couvrir. Les Malades subsistent pour dévorer, transformer ou se faire des compagnes en les infectant pour se reproduire. Ils ont irrémédiablement attirés par les humaines telles que vous. Moi il ne souhaitera que me tuer. Si ça se trouve, il a encore conscience, je ne sais pas. Mais on n'est jamais trop prudentes. Donc obéissez-moi, c'est pour votre sécurité. Et ne touchez rien ici. Si vous êtes prête, nous allons à l'étage, je m'assurerai de votre protection si besoin"

J'enchaîne, je ne perds pas de temps. Je deviens autoritaire telle une professeur ou même la cheffe à en devenir, la dureté de mon regard trahit tout mon sérieux. J'ai une capacité à changer de mine comme de chemise. On ne pouvait pas s'ennuyer. J'attends son approbation avec un hochement de tête interrogatif. Je suis encore une enfant, mais à mon âge, Thaïs était déjà une nécromancienne accomplie, Taïga s'apprenait sa nature démoniaque pour la contrôlée alors qu'elle était enceinte de Thaïs, mon oncle était un orphelin survivant aux guerres médiévales, Ma grand-mère ... arrête Eden, pense à toi, arrête d'être dans l'ombre. tu es la future Matriarche des Launwitch, une prochaine cheffe de guerre, la Gardienne du Savoir et du Sang, de nos connaissances. A.D.A.P.T.A.B.I.L.I.T.E envers les mâles comme les femelles.

J'observe, patiente, silencieuse et déterminée face à mon accompagnatrice. Je ne suis pas assez mature ou bien trop naïve pour lui claquer entre les dents que je n'avais pas envie d'un boulet comme elle, non, si Taïga aurait refusé de but en blanc, elle aurait même su qu'Ad était bien plus que ce qu'elle n'y parait. Mais je suis pas Taïga.
La créature se rapproche, sûre d'elle, dansant tel un serpent agile pour me déposer un chaste baiser. Si je me tétanise, je dois ma concentration à maintenir la sphère luminescente pour ne pas gicler du sang partout. Cependant, celle-ci se met à trembler, puis à frémit alors que un fin duvet semble la couvrir au sommet, un duvet translucide. C'est pas beau.

Avec un geste de recul, je porte sa main libre sur mes lèvres rendues ternes et presque couleur chaire avec mon trompe-l'oeil pour une apparence bien plus banale. Pourtant, mes iris factices reflètent une réelle surprise, me laissant interdite. Je ravale ma salive, ignorant la machination de cette femme que je devrai maudire. Je vais tomber de très haut, probablement du moins. Est-ce que j'aai laissé tant d'ouverture que cela ? Je détourne légèrement le regard en me détournant après avoir hoché de la tête. Mon meilleur ami dans ce genre de moment est le travail, je ne peux pas me laisser aller à mes émotions. Je respire profondément pour calmer les battements de mon coeur. Je me gifle intérieurement pour ma faiblesse.
Laissant de côté mon imagination trop fertile, je m'engage dans les escaliers. La sphère revient à mon corps, je tremble, c'est très douloureux. Car j'inversais de force sa composition biologique. Prise d'un spasme, la lumière se déverse de la sphère qui disparaît, sur toute ma peau à découvert. Comme une vague froide de douceur, ma peau devient un peu translucide, nacrée et je me mets à émettre cette lueur bioluminescente d'améthyste. Les rayons deviennent tamisés, mais ca nous suffira. J'enfouis ma main gauche dans ma poche, l'autre passant sur les fluides. Nos pieds émettent de désagréables bruit de succions à chaque pas. C'en est écoeurant.

Silencieuse, mon regard devient perçant. Sur le palier, la gauche donne à la salle de bain, la droite le bureau et au bout... la porte entrouverte du bureau. Il est là. Je porte mes doigts suintant de fluide à ma bouche pour en goûter la substance. Ca peut paraître dégueulasse, mais je suis une sorte de laboratoire sur pattes. J'ai besoin de goûter pour identifier, peut-être qu'un jour les odeurs me suffiront. Au début, il fallait à Taïga méditer pour se repérer et identifier chaque vibrations et pulsions énergétiques. Alors que maintenant, elle peut lire dans les âmes par simple volonté, et je ne vous raconte même pas lorsque ses flammes noires dévorent, aspirent et lisent la vitalité et les âmes de ses cibles.

Le goût est infâme, comme d'habitude, mais je décèle l'humanité présente derrière le Miasme de l'Archange qui mute les cellules dans les sécrétions du mortel. Il est encore là, l'homme venait tout juste d'entamer la dernière phase de l'infection. Celle qu'on ne retrouve quasiment que dans le No Man's Land déserté par le divin. Je me rapproche, continuant de sucer et lécher mes doigts, les yeux fermés. Nos pas nous rapprochent dangereusement du bureau. Sans sur-stimuli, le Malade ne devrait pas être trop un danger, mais Ad doit absolument rester en arrière. Je lui lance un regard significateur, lui désignant qu'il était devant nous. Puis je me détourne et pénètre doucement. La pièce est très obscure, froide, je grelotte atteinte par un frémissement très désagréable. Toute la pièce est sans dessus dessous. Matériel informatique renversée, foutue en l'air par toute cette dégueulasserie. Définitivement, je doute que ça soit l'oeuvre d'une succube. Peut-être une altération par l'état infecté de l'humain ? Je manque de vomir. ayant des haut le coeur.
Ici, c'est carrément de la chaire à vif, du mucus recouvrant tout avec des formes... qui peuvent donne l'impression d'être vivantes. On dirait un cocon. Je lève le regard, seule lumière d'espoir avec ma lumière, c'était un constate frappant. Le villageois est recroquevillé dans un coin. Ce qui auparavant était une forme humaine laisse place à un zombie en pleine mutation, pourtant il semble encore conscient. Des parties de son corps son fusionnées à cet amas de chair interne. Ses habits en lambeaux. Un bras avait trop grandi, comme une jambe, ou dans une position étrange. Dénudé au niveau du bassin, je devine aisément qu'il a essayé de se reproduire avec sa compagne. en témoigne son cadavre en décomposition à moitié dévoré. Il a du pété un câble. Mais comment il a pu faire se faire ainsi possédé ?!

"L'amas de chair est l'oeuvre du démon, il y aune sorte de mutation qui s'est fait avec l'infecté. Ca a du aggraver dangereusement son infection avec la Maladie. Je pense qu'il était malapositive depuis quelques années, et ça a du dégénérer avec la possession. Restez en arrière."

Je me rapproche silencieusement. Est-ce qu'il est attaché au mur ou bien c'est une illusion ? Plissant les yeux, je m'écarte de Ad pour me pencher en avant tout en me rapprochant prudemment. Je ne risque rien, je le sais, mais je dois prendre garde à ne pas user de mes dons de démons du sang. Des outils ou bien de la sorcellerie ou de la magie petite, mais rien d'autre. Sortant la main droite de ma poche, je braque alors une plume grande dont les fibres sont aux couleurs chaudes souples. Luisante, elle pulse puisement. La plume de ma mère. Elle voulait que je teste. Selon elle, ça pourrait avoir un effet stabilisant sur le Malade. Et m'aider à identifier le démon afin de lui parler tout en paralysant la forme humaine infectée. Ca fonctionne, la bête pousse un cri aigue entre deux gargouillis avant de pleurer dans ses grognements et craquements, il doit être dans un sale état. Je ne veux pas voir son visage. Je fronce les sourcils gardant la plume tendue. Ca va.

Mère est pas complètement une ange encore, ses 2000 ans d'existence ne pèse pas encore sur la rémige. Mais l'imprégnation divine est suffisamment présente pour maintenir le Malade dans un état végétatif et misérable. Si au début il semble avoir mal, très rapidement, il est comme endormie et soulagé.

Je souffle, j'ai réussi la première étape. Heureusement que je disposais des bonnes informations. Maintenant, il n'y a plus qu'à attendre l'émergence du démon, qu'il se manifeste d'une manière ou autre. Je me détourne vers Ad en signant d'une main.

"Comment vous sentez-vous ? J'ai réussi à sécuriser le Malade, dites-moi vos impressions. Je ne pense pas que ça soit l'oeuvre d'une bâtarde de la Matriarche des Succubes. En tant que chercheuse vous avez peut-être des hypothèses. Nous avons un peu de temps avant quel e démon ne réagisse. Vous pouvez parler, le Malade ne vous fera rien. Il est calme, je ne voulais pas lui faire du mal."

Je lui fais un sourire confiant avec un pouce en l'air. Je ne suis pas venue les mains vides, bien évidemment. Quand je dis que je ne compte pas utiliser mes pouvoirs de démons de sang... Ce n'est pas pour rien. Le Savoir est notre arme. Je m'en fais un peu pour cette femme, je suis dans mon travail, mais on ne sait jamais ce qu'il peut encore se passer. Elle est toujours couverte, tant mieux. C'est vrai que c'est drôle de voir cette femme si élégante, emmitouflée comme une enfant. Mais la protection, ça n'a pas de prix.

Si Ad était sur la bonne voie ? Pas qu'un peu, je hoche la tête pour signifier qu'il s'agit bien d'un Vermiseve. En réalité, je voulais aussi tester cette femme, ce n'est pas tout le monde qui peu parvenir à identifier ce parasite d'un simple coup d'oeil. Des gens en seraient trop révulsés. Je viens de nouveau à humer l'air, étant moi-même une entité, ce genre d'effluve n'est plus si problématique que ça. Finalement, c'est surtout l'éducation et la proximité avec la civilisation qui a tendance à construire la notion de goût. Si je suis capable de dormir à même le sol ici ou bien y faire l'amour avec ma petite amie ? Complètement. Mon détachement peut s'y faire sentir.
Je m'apprête à me détourner de nouveau, alors que mes sens en alerte captent un changement chez l'infecté, mais Ad me retient une nouvelle fois. Je lui jette un bref coup d'oeil, entre froideur et neutralité on peu pas faire mieux au travail.

"Je suis une démone supérieure, mais rassurez-vous, La Jurisprudence est parfaitement au courant. Et cette plume, on me l'a prêté. Je vous avais prévenu tout à l'heure que ce n'était pas un endroit pour une mortelle comme vous, si vous voulez reculer il faudra créer une issue, ou bien attendre que je termine mon travail. Je suis venue préparer pour ce moment, et si vous m'écoutez vous n'aurez rien à craindre. Et puiss entre nous, il vaut mieux voir la personne pour ses actes et ses choix plutôt que par sa nature. Je suis largement plus inoffensive que notre possédé."

La plume flotte dans l'air pendant que je me mets à signer très rapidement, un défaut que j'ai lorsque je suis dépourvue de sourire et de chaleur dans le regard. Pourtant, je n'ai aucune animosité, c'est simplement ma manière d'éviter les mauvaises surprises et de garder mon sang froid. D'ailleurs l'assaut du village m'a endurcie. Et si je veux qui je suis et ne pas devenir une cynique comme bien des gens, je dois agir en conséquence.
Me tournant complètement, l'homme se met soudainement à hurler. Cambrant le dos tel un damnée à chercher désespérément une sortie. Laissant tomber la plume qui continue d'agir comme un calmant par mesure de sécurité, il en est tout autre pour le démon, car ca l'énerve. Etant une ange mage, Taîga avait une part de son âme aussi démoniaque qu'angélique, ce qui pouvait encore plus troubler les démons inférieurs comme lui.

Tout s'enchaîne alors trop vite, disposant d'un hôte malade et instable, la bestiole gesticule dans le corps du Malade. Créant une étrange déformation. Des murs encadrant la porte derrière Ad, surgissent alors des masses suintantes de mucus pour l'attraper. Il passe à l'attaque. Tapant du pied au sol, mon sabot éclate la chaire du dessous, giclant du sang putréfié avec du pu. Telle une onde de choc, je balaye les alentours avec mes sens, mon aura s'infiltrant dans tout ce qui vis. Lisant dans le Sang, les gênes, chaque molécule de tout ce qui est vivant en percutant et repoussée par non vivant. Soit la nidification, Ad et le Malade possédé et.. tous les autres bactéries, insectes... je ne suis pas encore à ce niveaux cependant. Tout ce qui a un coeur qui bat en réalité. Le temps semble se suspendre l'espace d'un instant. Si je n'a pas encore perfectionné mon art offensif, j'ai surtout développé mes sens de l'observation. Et deux choses se passent. Je parviens à immobiliser les deux masses allant attraper Ad, contrôlant leurs muscles et sang, elles tremblent. Et de deux, je me fige, car j'avais lu Ad. Réalisant des choses complètement incohérentes. Des informations trop complexes m'assaillent le cerveau, quoi ?
Sous le choc, je me détourne pour la confronter, est-ce que je me suis trompée ? Pourtant le flot continue de m'agresser, je n'y comprends pas plus de la moitié. Quelque chose cloche, est-ce qu'elle est comme mon père humain ? Cette inattention va me coûté très cher. L'instant d'après, la créature se retrouve devant moi, alors que j'ai la tête tournée. Me fixant avec un oeil extrêmement dilaté, puant, suintant, disgracieux. Un oeil ornant une forme phallique, recouvrant la partie supérieure du Malade en léthargie pas la plume.

"Libérez.... mes... enfaaaaaaaaaaannnntttttss...."

Il me frappe avec une violence peu commune. Je suis projetée violemment de l'autre côté du bureau. Me fracassant contre l'office, la poussière vole et recouvre tout la pièce. La douleur est intense, mince je me suis faite avoir comme un bleu. Un craquement distinctif se fait entendre dans mon corps et je me mets à crier sous la souffrance endurer. Je suis complètement sonnée. Non, n'abandonne pas Eden. Des liens viennent m'entraver, nouant mes chevilles, taille, bras, me collant à cette aberration. Le temps de de reprendre mes esprits, je suis fixée contre le mur, hissée tâchant mes vêtements, il me recouvre les orifices pour m'étouffer. Je grimace. Et pourtant... là j'ai eu le temps de réagir.
Si B' m'entraînait, Daniel était bien plus dur, combien de fois je me suis retrouvée dans ce genre de situation ? Mon oncle frappait pour tuer, même ses propres nièces. Je dois apprendre à faire de même, mais je ne peux me résoudre à tuer quelqu'un. Toutefois, si je semble inconsciente. Je cultive cette faiblesse, le but n'était pas de rechercher à être puissante. Mais à donner l'illusion  d'être au niveau d'une apprentie. Le plus dur était de doser et de choisir comment employer ma magie, et non pas à terrasser la bête. Saigner, me permet d'empoisonner la nidification, une goutte suffit amplement à se mélanger avec le siens. Avoir un bâîllon, permet de camoufler ce sourire froid qui s'étire sur mon visage endormie. Ce que je fais ? M'infiltrer en lui, pour l'aspirer de l'intérieur, sa vitalité, l'assécher, faire de lui une coquille vide. Mais ça ne sera pas immédiat, il me faut un peu de temps.

D'ailleurs, le Malade devant Ad qui voulait aussi s'en prendre à elle, faire sa compagne comme la manger, n'a plus bouger depuis qu'il m'a frappé. Il tremble, comme les deux autres masses derrière Ad. Paralysée mais conscient. Son oeil s'agite, il hurle devant Ad. Je pousse mine de rien un gémissement de douleur étouffé, il ne fait pas semblant et je dois contrôler ma respiration. Contrôle ta magie, non pas d'effusion de sang, pas de cristal, rien de tout cela. C'est ça, nourrie moi. Tu t'appauvrie. Vide-toi Vermiseve de ta vitalité. De plus, tu me permets de cacher mes veines qui ne noircissent, tout comme mes yeux qui sont actuellement comme des perles d'onyx recouvrant ma sclérotique avec une fine pointe rouge en guise de pupille.

"Tu.. es... des nôtres.... viens.... viens.... faisons d'elle notre... fille...."

Hein ? Qu'est-ce qu'il raconte celui-là avec ses gargouillis ?

Le gros poisson ce n'était pas le Vermiseve, mais plutôt cette femme. Je n'arrive pas à déterminer si cette femme est une ennemie ou non. Pourquoi me cacher qui elle est réellement ? Mes parents vont me taper sur les doigts. La chose ignoble murmure des trucs dans un gargouillis affreux. Mais je suis surtout concentrée à absorber la vitalité de cette chose. Peu à peu, son mucus se noircis par toutes ses veines circulant dans la nidification. Je cesse de luire avec ma bioluminescence, ce n'est plus nécessaire. Car je vois tout, je ressens et j'entends. Je deviens comme une deuxième conscience du Vermiseve. Ad vient à demander au démon de s'écharner sur moi. En pleine admiration devant Coeur de Givre, il obtempère tel un bon partenaire et resserre violemment sa prise. Au bout d'être à deux doigts de rompre ma nuque, ou mes côtes. Ma peau est devenu d'un blanc marbré, mes veines flétrissent sous ma peau. Mes cheveux... d'un blanc translucide cristallin. C'est raté pour la fausse apparence. Un crac distinctif se fait entendre, un bref gémissement, tout mon corps est pris de spasme, avant de retomber lourdement. Pourtant, le vermiseve ne s'arrête pas. Il a besoin d'énergie, aspiré, rongé de l'intérieur. Son fluide acide me recouvre peu à peu, comme pour me dévorer.

Furieux, le démon cesse d'être paralysé et de s'attaquer à Ad, pour se jeter sur moi. Ses jambes courent de manière désarticulée, sa forme se balance à droite et à gauche. Fonçant en plein sur moi, révélant une grande gueule suintante. Il percute violemment mon corps en le brisant plus, mais il envoie aussi en mille éclat son nid à cet endroit. Ce qui le fait hurler de douleur. Faisant des mouvements très significatifs. Il se met à dévorer ma chaire tel un nécrophage mais aussi à se frotter tel un chien en chaleur. Hurlant de manière stridente. C'en est fini de moi.

Ou pas ?

Telle une mue, ma forme physique se désagrège, perdant de ses couleurs, voletant en poussière organique asséchée. Entourant la pièce, stagnant dans l'air. A échelle microscopique, comme à vu d'oeil. Je parviens à effleurer tout ce qui est vivant dans cette pièce. Le gel n'était pas un problème. Je venais de céder à mon pouvoir. Je ne dois pas, mais par moment, on tombe sur des choses qui nous forcent à déployer notre magie. Si la limite de Taïga était ses émotions par rapport à ses pouvoirs qu'elle a du renforcer par sa technique et sa réserve de magie, comme il lui était impossible de concevoir le sien... ma seule limite à moi était mon inexpérience et mon imagination. Démon de Sang est une appellation grossière, une déformation, une erreur de traduction. Car dans la langue de l'égypte antique, cela veut littéralement dire :  Sang du Néant. Une matérialisation sur cette terre. Mon existence ne devrait pas être. C'est uniquement grâce à ma personnalité si je peux exploiter mes dons.
Je caresse le corps de cette Dame qui n'est pas une humaine, ni chercheuse. Du moins, pas comme je l'entends, car elle a su faire preuve d'une connaissance remarquable pour le Vermisve.

Au lieu de fuir, ou d'avoir peur comme je devrai faire. Je suis surtout intriguée, je souligne la forme de Coeur de Givre, la texture de sa peau, ses yeux, sa respiration, tout ce que je peux faire pour apprendre à réellement la connaître. qu'elle me veuille du mal ou non. Sa beauté fatale et mortelle, pour me fascine-t-elle autant ? D'accord, je comprends mieux. Il existe alors d'autres aberrations. Si le sang de ma famille renferme une espèce ratée et trop instable, un lien avec le Néant bien trop dangereuse pour être exploitée, il y avait d'autres forme. Est-elle seule ? Des centaines et centaines d'années de solitude me pèse.
En plus de deux millénaires, il n'y a eu que deux démones de sang, dont moi.
Nullement en colère, j'ignore le démon qui réalise qu'il avait perdue sa cible alors qu'il tape dans le vide. il se détourne, tel un fou, son oeil balayant nerveusement la pièce avant de hurler encore. Ah oui, mon travail !

en une fraction de seconde, la pression de l'air se fait bien plus dense, tel le coeur d'une tornade, le courant se met à tourbillonner. Puis je me rematérialise, derrière le démon. De profil face à Ad. Je réapparais nue avec ma peau laiteuse et translucide, mes veines saillantes. J'ai un corps encore en croissance, une poitrine pas très grande, du 95B mais ferme. Des hanches encore en train de s'élargir. Si ma chaire laisse deviner que je risque d'être autant formée que ma mère, avec un bassin plantureux, une lourde poitrine, des poignets d'amour pour bien enfanter et se mettre en valeur pour le moment je reste une volcanique qu'une allumette.
Je ne jette qu'un bref coup d'oeil à la nouvelle antagoniste, risquant de devenir la proie de ma famille s'il vient à m'arriver quelque chose. Etrangement une lourde mélancolie m'atteint, puis je tourne la tête et pose avec une vitesse vertigineuse mon index sur le crâne de la chose. Mon bulbe s'enfonce dans cette masse. Le Vermiseve se tétanise, son oeil devient écarquillé. Je ferme un instant les yeux pour lire ses pensées, je voyais des choses, ses souvenirs. Autant pour le Malade que pour le démon. Mais je sélectionne l'entité. Mes veines flétris le traversent.

"Je suis désolée, je ne peux pas te renvoyer chez notre Père à tous. Mais je te promets de t'apporter la paix, pardonne-moi. Khu'Nalak. Mais je libérerai tes enfants, je pense savoir où ils sont. Ils rejoindront leur géniteur dans le Monde Inférieur."

Un spasme le prend, terrorisé par ma proximité, il s'apprête à se détourner mais se paralyse encore. Pas de mon fait, mais de ses propres émotions. C'est grâce aux alignements si nous sommes ce que l'on est. Si on tue quelqu'un, son corps devient poussière, son âme revient à son Alignement. C'est l'ordre des choses que le N2ant à crée ici. Mais de l'immondice que je suis, son âme va simplement cesser d'exister pendant que je le dévore. Comme s'il n'aura jamais existé. Mère quand elle le fait, elle renvoie leur âme, moi... je les absorbe pour les transformer en énergie pure.
Est-ce qu'il pleure ? difficile à dire, mais sa vie quitte alors ses traits. Tandis qu'un sourire compatissant me gagne. pas de haine, juste un air attristé et profondément mélancolique. Je révèle une naïveté, mais aussi ce qui m'a permis de naître comme ça. Je suis incapable de haïr. Je suis trop pacifiste, trop empathique et sensible. Attendrie par l'histoire de la chose, le Vermiseve disparaît du Malade, se désagréant, asséché, l'humain tombe alors inerte, au sol.

Je respire profondément, contemplant le résultat de ce que j'aurai du faire seule. Mais Ad... est un danger pour moi. De mon être se dégage une pression intense alors que je viens de dévorer une âme entière sans broncher. Après tout, j'ai déjà fait ça alors que j'étais dans le ventre de ma mère. Un homme qui l'a violait, un soldat. C'est comme ça qu'Amanite s'est rendue compte de son enfant. De mon épaule gauche, Ad peut voir un papillon aux ailes de minuit tatoué en plein vol. qu'est-ce qu'il va se passer maintenant ?
Je me tourne pour faire face à Ad, à deux mètres d'elle. Affaiblie, oui et non. Je ne me suis jamais sentie aussi... en forme. Balèze ? Titanesque ? Puissante ? Aucune idée. Mais aucune soif de pouvoir ne se lit sur mon visage. Je regarde Ad, son intérêt, sa froideur, elle est très forte. Je le sens partout en moi. Est-ce qu'on va se battre ? Que va-t-elle faire ? Une partie de moi doute, a peur. Une autre était juste indifférente. Je me déplace pour récupérer ma tenue d'étudiante diplômée scientifique. Mon pantalon blanc, avec mon haut aux bordures noires. Mes chaussettes, sous-vêtements et bottes aussi... Toute la nidification commence à se flétrir et noircir.

"Pourquoi êtes-vous réellement là ?"

Oui, je signe. Toujours, précédemment, j'avais simplement parler parler en démonique pourle Vermiseve. Mon timbre de voix était beaucoup plus bas et presque dissonant pour les humains. Mais parfaitement audible et compréhensible pour les gens comme Ad. Et même en démon, je reste empreinte de gentillesse et de calme. Est-ce que j'ai énervé cette femme ? Je ne le veux pas. toujours favoriser la parole, ne pas se jeter dans le tas.

Est-ce que j'ai besoin de résumer ce qu'il se passe sur ma personne ? Non, je ne veux pas me faire humilier une seconde fois. La délicieuse créature qui annonce ma propre fin s'est assise sur moi alors que je suis dans l'incapacité de parler. J'étais tombée comme le ferait une mauvaise actrice de film série B, la chute a été rude. Même si la pièce a été plongée dans le noir ou illuminée, je suis tellement en phase avec mes sens, que je peux percevoir Ad sans aucune difficulté. Des pièges, des sceaux ? Restant pragmatique, je continue de l'observer alors que je m'enfonce progressivement dans ses griffes. alors mes erreurs ont été là. Bien loin de m'horrifier, je prends ses paroles comme une leçon à retenir pour l'avenir. Cependant, lorsqu'elle vient à me toucher, je me glace intérieurement. Parce qu'une personne étrangère pénètre mon espace intime tandis que je suis très vulnérable. En l'instant, je ne peux me défendre, que se passera-t-il si je déchaîne tout mon potentiel ? Les démons de sang sont en constante évolution, une race instable que même Satan n'a pu éradiquer lui-même. Et il avait beau posé le plus complexe des sceaux irréversibles sur le sang des Launwitch, il y a eu deux démones de sang en deux mille ans. Ma peau peau frémis au passage de son doigt, mais je n'émets aucun son.

Son glas sonne, je suis à elle selon ses dires. Est-ce qu'une personne peut décider ce qui lui appartient comme ça ? Juste par caprice ? Ce n'est pas ce que j'ai appris. Le sang froid dont je fais preuve est terrible en l'instant, je ne ressens pas encore ce fameux piège posé sur le démon. Pourquoi ? Difficile en quelque seconde, qu'un simple piège bouscule des années de maitrise. J'ai juste à rester maîtresse de moi-même.

La main de la fausse chercheuse se pose sur mon ventre, pourquoi à cet endroit. N'oublie pas Eden, ce qui a causé la perte de ta mère, n'oublie pas ce qui l'avait mené à son suicide. Contrôle tes émotions, ne te laisse pas submerger par la peur, la peur n'est pas une fin en soi. tu ne peux pas disparaître. La magie de la créature est si puissante, comment aurais-je pu la combattre ? Je me suis faite avoir si facilement. Est-ce que ma famille aurait honte de moi ? Sont-ce des dangers dont fait partie cette entité ? Je l'ignore. Pour la première de ma vie où je ne peux réellement pas parler, je tente en vain avec toute ma volonté de me prononcer. Pourtant ce sont les ténèbres qui m'accueillent, je tente de résister, une tension réside dans mon corps. Je ne me laisse pas faire, réalisant à quel point je suis dans une merde noire. Encore quelqu'un qui veut jouir de ma nature ? C'est si, si... décevant. Pitoyable.

"Une goutte, puis deux, puis trois... ressentir la vie sur terre, les vibrations du toit céleste et le grondement du souterrain inférieur. Vivre en chacun tout en étant un. Suivre tous. Être la Mère et le Père de tous pour voir comment se porte la vie, l'évolution et la mort depuis que Dame Nature a donné naissance à cet univers. Mais aussi de ce qu'il se passe par-delà les frontières connues. Sur d'autres planètes... d'autres enjeux... mais.. ce sont aussi des chos..? Pourquoi..? Quoi ? Tout défile, tout pour une cave sombre, sèche, souterraine, de la poussière, du sable, des roches poreuses, des scorpions. Une salle figée dans le temps, un caveau. Mais la vision est brouillée. Le Néant, si dense, si fort, une volonté de tout absorber, de tout s'accaparer, mais prisonnier, il ne peut rien faire. Juste un très mince filet qui se sépare en deux. L'un partant vers un ancien sarcophage ouvert, de l'autre.... partant... loin, très loin... une impulsion et..."

"Aah !!..."

Je me réveille en sursaut, cognant contre des barreaux. Couinant, mes yeux maintenant dans leur rubis le plus pur scrute les alentours, sans comprendre où je suis. Mes cheveux sont de nouveau d'un cristallin translucide en carré asymétrique en bataille. Je tousse alors que je sens du poids sur moi, je me débats, pourquoi je suis dans cet état ?
Paniquée, mon gabarit tente de se mouvoir, je couine tel un chiot pleurant dans son coin. Altérée par le piège, je parais extrêmement jeune en l'instant, effrayée tel un animal blessé. Incapable de réfléchir, j'ai mal, je me sens courbaturée. Je veux m'allonger, me mettre debout. Il fait froid. J'essaye de pratiquer ma magie, mais rien, comme du vide. Je me recroqueville, tentant de rassembler mes esprits. Le silence. Dans cette lourde solitude, j'en oublie Ad en l'instant.
Tremblante, j'ai cependant une capacité innée à m'adapter. Mon visage disparaissant contre mes genoux, je ramène mes mains contre ma poitrine, refusant de voir ce qu'il m'entoure. Comme lorsque j'étais enfant, je me fais la plus silencieuse possible pour ne pas attirer la fougue de Père. Encore confuse, une autre main couvre mes cheveux pour tenter de me cacher.

Toutes les histoires de ma mère m'atteignent en l'instant, j'avais l'impression d'être dans un cauchemar incessant. Mais refusant de voir la noirceur, j'essaye de me raccrocher à ma curiosité, de voir de la lumière où il n'y a que violence et noirceur. Même le plus terrible des sociopathe avait un point faible moral à exploiter. Rien ne sert de haïr et de vouloir se venger, il ne faut pas céder à la peur.  Si cette femme veut que je lui appartienne, elle doit bien y avoir quelque chose en moi qui l'attire, quelque chose dont elle a besoin. Continuant de trembler, j'ignore si je passe de simples minutes ou de réelles heures. Une terrible soif me prend, j'avais envie de me désaltérer et rien à faire ? D'ailleurs est-ce que je me suis fait dessus pendant mon sommeil forcé ? Je l'ignore.

Le seul bon point qui m'empêche de hurler, est certainement le fait... que je ne sentais plus du tout ma magie. Comme libérée d'une très lourde responsabilité, dans cette cage, restreinte, j'avais l'impression que je ne pourrai plus soigner, mais plus faire de mal à personne non plus. Plus de pouls, de vibration d'odeur et d'une cacophonie vivante. Just, un silence mortel. Et c'est littéralement ce qui m'endors. Dans une sorte de demi-conscience, je parviens à faire abstraction de la douleur. Après tout, combien de tentative de suicide j'ai fait jusqu'ici ? Plus qu'il n'en faut pour savoir que ... je suis très résistante. Un exemple ? La pendaison, j'aurai beau me briser la nuque ou me broyer la trachée et me faire dessus, cela me plonge simplement dans un très lourd coma de quelques jours. Me trancher une artère ou les veines ? Une simple lourde très lourde nostalgie avant que tout mon sang ne se résorbe. La douleur reste constante, alors j'apprends à faire abstraction. Car ce n'est qu'un simple signal nerveux, et me détacher complètement de ça et crucial pour ma santé mentale. Pourtant, je craque surtout tout le poids de l'instant.
Je ne peux pas gaspiller inutilement mon énergie. Ironiquement, je me demande si je ne rêve pas plutôt de l'un de mes nombreux hentaï doujinshi qui tourne mal ? Rigolez, mais ne sous estimez pas leur scénarios. Beaucoup de ces œuvres ont des sens cachés. C'est ça; un manga ! ... un manga... Je me sens si seule... que me veut-elle ? Va-t-elle me découper et m'examiner pendant que je me reforme ? M'étudier et m'expérimenter ? Le Savoir... le savoir... Ferme les yeux, Eden, ferme les yeux, la plus silencieuse possible. Tu n'es rien d'intéressant, tu dois être pitoyable, simple, banale, tu finiras bien par retrouver ta chambre, tu finiras bien par avoir un travail à Paris.... j'ai peur... non résiste. Dors.. voilà... succombe à ce petit sommeil d'épuisement... Si à ton réveil il ne se passe rien, tu t'étrangleras. Et tu te tueras. Est-ce que ça marchera avec ces entraves ?

Plus tard, à plusieurs reprises, je me retrouve à alterner entre sommeil et phase de veille. J'ai essayé de bouger, mais rien à faire, je suis endoloris de partout. Je ne sens quasiment plus rien. J'ai même tenté de m'assommer contre les barrières pour faire couler mon sang, mais j'avais trop mal et peu de force. La soif me tenaille, je m'étais uriné dessus, mes reins me travaillent et j'avais atrocement faim. Une faiblesse où j'avais envie de vomir tellement je suis épuisée. Je me sens sale, j'avais pleuré beaucoup de larmes. Si au début j'étais soulagée de ce silence et du manque de magie, maintenant cela me pèse plus que tout. Finalement c'est peut-être un piège et je vais vraiment mourir. Torticolis me fait atrocement souffrir, j'ai du mal à respirer. C'est à  peine si je peux parler. Maintenant, ce sont des pertes de connaissances que j'ai, voyant des hallucinations,  je regardais longuement dans le vide. Parlant à un spectre que je pensais imaginaire. Des fois je lâchais de brefs mots, surtout dans les dernières heures. Une voix enrouée, fragile, sanglotante mais timide car se voulant discrète. Me répétant. Pourtant je suis le plus en boule possible, versant des larmes asséchées. Quoi.. je vais encore perdre connaissance..? Penser est devenue un calvaire.

"A-aad..?... faim.. j'ai faim.. j'ai soif... j'ai mal et je veux dormir... Mère.. Papa.. je me sens toute seule... j'ai pas envie d'être seule... je suis triste toute seule... Je n'aime pas être toute seule.."

Est-ce que c'est ce que je suis ? Une enfant ? Je suis encore une enfant ? Peut-être bien. Cependant, quelle était cette sensation vieille comme le monde qui pèse sur mes épaules en l'instant ? Une voix sévère, mais douce. On dirait celle de Mère lorsqu'elle m'éduquait entre deux de crises de folie. Je peine à le comprendre, mon état ne me permets pas d'avoir toute ma clarté d'esprit. Pas de père, ni de mère, tout cela, cette femme qui semble venir de loin s'autoproclame comme étant ma future seule raison de vivre. Tout ça, je le percute, qu'importe mon état.
Je ne me suis pas faite frappée, ni malmenée, ni violée. Juste... seule. J'ai du mal à voir Ad dans son entièreté, mon corps souffre beaucoup trop. Malgré le sceaux posé par Coeur de Givre. Il est extrêmement compliqué de me forcer à penser d'une telle manière en altérant mes émotions. Pourquoi ? Déjà parce que cela fait beaucoup d'années que je m'efforce à me comporter d'une certaine manière. De plus, c'est même à cause du scellement de Satan dans notre sang... que les démones de sang disposent d'un pragmatisme et d'une froideur terrifiante qui peut évoluer avec le temps au coeur humble. Mais je suis jeune, et c'est tout le problème, alors ça marche.

Le bruit du talons sur la cage me tire de mes pensées, je sursaute et couine fortement de douleur. Non, oublie la douleur, ce n'est qu'une sensation. Ce n'est qu'une sensation, ce n'est qu'une sensation. Très difficilement, je passe aisément outre l'humiliation que s'apprête à me faire l'entité. Pourquoi ? Parce que j'ai aucune estime de moi-même. La créature me réprimande, je me refrogne et tremble. Je ne pouvais pas obéir, je ne suis pas animal, pourtant je commence craindre ce qu'il se passe. Peut-être parce que je réalise aussi à quel point je suis dans une situation très grave.
Je n'allais pas donner la satisfaction à cette créature de parler, la peur et l'envie de me cacher à tendance à nouer ma voix dans ma gorge. Même si mes larmes sont là. Comme si je suis habituée à avoir mal avec mes moments de mutilations chez moi ou d'autres moments de tentatives de suicide, je me contorsionne pour le hisser. Je sanglote, j'ai tellement mal, j'ai l'impression d'émerger d'une statue de marbre. Tout mon corps hurle à s'étendre et à plonger dans un bon bain de nuage. Je dois saigner, je dois absolument verser le sang.

Cette matraque... si je ne suis pas aussi dissidente que mère qui aurait certainement hurler qu'Ad aille se faire foutre à s'en évanouir, moi je suis différente. Je suis plutôt... opportuniste. Mais en l'instant, je pense qu' une chose, manger, boire, dormir, courir, ne plus avoir mal et ne pas être seule. Mais surtout.. un bon bain. Et revoir la lumière du jour.
C'est comme cela que je permets de me faire humilier en sortant la tête de la cage pour lécher l'escarpin. N'y ressentant aucun plaisir sexuel ou malsain en l'instant. J'y vois juste un moyen de pouvoir me sortir de là. C'était aussi étrange. Pas dans le mauvais sens, juste... bizarre. Le goût de la chaussure m'arrive sur la langue très sèche. J'ai mal, je m'étouffe à moitié avec le cadre du trou car je n'ai pas assez de force pour me maintenir. Alors je tousse et je salive. Le regard complètement dans le vide avec mon épuisement. Je vois à moitié trouble. La voix de la créature m'arrive dans les oreilles, j'en percute que la moitié.

La seule chose que je comprends c'est, repas. D'ailleurs je manque de me cogner contre les barreaux sous la surprise. C'est dingue à quel point un cerveau peut être conditionné à un certain moment. Je me mets à lécher maladroitement avec plus d'entrain. Pourquoi avec peu d'adresse ? Je n'ai jamais fais ça de ma vie. Mais je veux manger, alors je ne me préoccupe pas de mon image. Manger juste manger, manger, boire et dormir !... Et après je réfléchie.

Je regarde la créature du coin de l'oeil, quoi elle  a dit quoi déjà ? Je dois l'appeler comment ? Est-ce qu'elle m'a frapper avec cette matraque, est-ce que j'ai hurlé ? Est-ce que j'ai tenté de parler..? Je.. Je ne me souviens plus. Je réagis telle une bête blessée, j'essaye de penser clairement, mais je croule sous les pulsions négatives émotionnelles. Je dois m'y reprendre à plusieurs reprises. Parmi ce flot de détresse, la part la plus... froide, ou détachée de mon intérieur se disait "Peu crédible, peu impactant."

"Oui.. Maîtresse..."

En l'instant, ma voix est dénuée d'émotions malgré ma détresse mentale. C'était comme ça. Ma volonté, et ma poigne de fer mentale est telle que je prends facilement sur moi pour agir en dépit de ma psychologie. Compartimenter mes réflexions, mes pensées, mes souvenirs, trier, s'adapter. Je fais ça depuis ma plus tendre enfance. De plus... même si ma magie était bloquée en moi, être dans un état pitoyable, ne m'aide à pas à être réactive. Je ne dois pas lui plaire, je dois être la plus placide au possible... peut-être même simuler un esprit brisé dans les temps à venir ? Ce n'est pas comme si je ne savais pas comme c'était. Ma vie à commencé par un viol, et il se terminera par un suicide. Mais avant tout, je veux juste apprendre le plus possible, savoir pourquoi telle ou telle personne agis d'une telle manière. Ad.. peut-être... peut-être qu'elle cherche en moi quelque chose qui lui manque ? Elle semble tellement froide. Elle a besoin de chaleur ? D'amour peut-être ? J'ose la regarde sur cette pensée malgré mes larmes silencieuses.

C'est plus fort que moi, je me mets à crier de douleur à me retrouver soudainement dans les bras de cette femme, par la gravité, je suis comme un poids mort. Tous mes muscles endoloris avec les articulations en miette, j'ai du mal à respirer, sanglotant sans parvenir à parler. Le moindre geste est d'une agonie terrible, je ne pourrai même pas tenir debout ni même à genoux. Mon corps est pris de tressautements, mon torticolis est juste insupportable. Ma situation nouvelle est sans prévention, ce qui désordre complètement mon accalmie. Des hématomes parcourent mon corps, mais pas de plaies externes, pour mon plus grand damne. Je n'ai pas réussi à faire couler le sang.
Je ne voulais qu'une chose, que cette femme qui me terrifie à l'instant me relâche et me laisse mourir dans mon coin d'ombre sans n'attirer l'intention de personne.

Elle m'essuie mes larmes, moi j'essaye de supporter le tout. De me recentrer en laissant ma carcasse de chair réagir aux sensations de mon corps et des émotions altérées. Au plus profond de moi-même, je me renfermais, je dois observer les alentours pour calculer; choisir la meilleure des opportunités. Je comprends mieux maintenant à quel point Taïga peut être survoltée lors de ces moments. La sensation de faiblesse, de vulnérabilité. D'acceptation d'être ainsi avec la bonne personne.
Je dois rester vide, ne pas me laisser fondre dans la chaleur de femme trompeuse. Elle a besoin quelque chose qui je possède et qu'elle n'a pas. Un attrait ? Une obsession ? Le pouvoir ? Un désir ? Une pulsion ? Qu'importe. L'Amour alors ? Possible. Mais froidement, je dois prendre l'ascension, ne pas me laisser charmer tout en m'adaptant à cette nouvelle situation. Pleure petite Eden, pleure, mais calcule froidement en même temps. Scinde-toi.

Posée au sol, je suis allongée et je grimace difficilement malgré la laisse qu'elle attache à ce stupide collier autour de mon corps. Maintenant, je dois reprendre mes esprit. Je suis dure avec moi-même, je ne peux pas perdre une seule seconde. Analyse pourquoi tu ne peux plus faire ta magie, ces entraves. Comment je peux les lire ? Analyse chaque pulsion que ton corps veut tenter, comme ça se comporter, exploite la moindre faille.

Toujours aussi peu bavarde devant la langue bien pendue de Taïga, je regarde Ad commander la nourriture. Je vais vraiment manger ? Je profite de l'apaisement aux alentours pour rester affaissée au sol. En résistant à ces entraves tout en forçant ma magie, j'avais l'impression de taper dans le vide pur et dur... Et que se passerait-il si je me laisse aller? Je ne devrai pas.. pourtant cette force ne m'a jamais abandonné. J'aurai peut-être besoin d'être poussée encore plus à bout, j'ai trop endormie et calmer ma magie, ma poigne de fer est trop importante. L'instabilité n'est pas une bonne chose, tout doit être contrôlé, en ordre.

Silencieuse, je mets du temps à réaliser les intérêt d'Ad vers moi. C'est vrai que je suis nue, je l'avais totalement oublié, ce corps qui a baigné de nombreuses fois dans son propre bain de sang. La lubricité, ce pétillement, je le connais aisément. Je reste là, tel une bête agonisante sur le sol, laissant le peu de répit dont je dispose pour me remettre ne serait-ce qu'un peu. Je garde la nausée, les vertiges, le sommeil me prend lourdement et je ne suis pas loin de faire une syncope.
Non, ce n'est pas comme ce que les autres démons pensent, je me plais à garder un corps le plus fragile possible, la faiblesse esst quelque chose dont j'ai besoin pour ne pas révéler au monde ma nature méconnue.

Sa voix rentre par une oreille pour en sortir par l'autre. Mon état me fait oublier que je dois garder ma réactivité, regardant dans le vide en me fichant royalement de ce qu'elle peut bien me dire. Un pas entre froideur et mine éteinte. Je dilate mes narines, secouée par Ad je couine faiblement. Tournant mes yeux de rubis enfin vers elle, réalisant que oui, elle me parle vraiment. Son discours me demande de quitter ma réflexion interne, entre mes larmes séchées, de tourner mon cerveau vers quelque chose d'inutile, satisfaire la curiosité de cet entité.
La seconde suivante, je fronce les sourcils, tentant de comprendre son discours. Le Néant ? Pas qu'un peu. Ce que je suis, et dans les moindres détails. Voilà au moins quelque chose que je m'apprête à subir depuis ma plus tendre enfance. Si Bigby m'a entraîné, c'est Mère qui m'a largement prévenu sur ce genre d'entretien pour m'en simuler. Ma réponse ne se fera pas attendre lorsque j'en aurai la force.

Je me cambre en sanglotant, lorsque mes mains rejoignent mon dos, mes membres en souffrent atrocement. Forçant mon esprit à se tirer de sa torpeur pour me faire rouler sur le ventre. Je veux ma chambre, je veux mes mangas, je veux être seule dans mon lit sous la couverture en serrant mes draps. Faire mes nuits blanches devant mess animés et mes simulations virtuelles. Pas ici. Cette femme est une parfaite étrangère, qu'importe ce que ce "Néant" à pu me faire ressentir. Qu'importe cette douce chaleur. Telle une enfant capricieuse, je me surprends à ressentir un air boudeur en moi. Non, ce n'est pas bon, je dois me détacher de tout ça. Ne pas ressentir toutes ces mauvaises choses.
Je me sens égoïste, ce surnom de petite fleur est très mignon. Mais je ne suis pas un petit bout à chérir. Mais je ne veux pas non plus avoir mal. Tout ce nouvel environnement est trop nouveau pour  moi. J'ai besoin de temps pour savoir quoi faire. Prendre des décisions. Elle me caresse la  joue, quelque chose que j'apprécie en la regardant.

"P..pourquoi... je ne veux pas être attachée... c'est lourd à porter."

Grâce à mon chuchotement, je parviens enfin à me reconnecter avec la réalité. Cherchant un quelconque secours en cette femme.  Alors que je tente de me redresser, étrangement, c'est comme si la douleur devient plus diffuse. Est-ce que ma magie est pour quelque chose ? Pourtant je n'ai rien senti, et ce n'était pas du fait de ma propre volonté... En réalité... j'ignorais que mon instabilité en ce moment était en train de s'opérer. Mais c'est tellement diffuse que je ne parviens pas à le sentir. Très complexe, seule Ad peut le sentir. Moi, je suis surtout à deux doigts de m'évanouir.
Tout était clame autour de nous, je regarde rapidement le salon. Mine de rien, c'est presque proche du style de ma maison, mais en bien plus chaleureux. Ca manque de Soleil ici, c'est sombre et ces lumières violettes, j'ai beau aimé ça, l'atmosphère est pesante et je n'aime pas. La verdure me manque, le manoir, l'Irlande, la forêt et son brouillard... le village des fous. Je regarde les gamelles, je comprends aisément à quel rang semble vouloir me mettre cette femme. Encore une chose que je n'ai jamais expérimentée, pourquoi faire ça ? Je veux dire, dans les séries c'est pour briser. C'est pour ça que Mère m'a toujours dit de ne jamais oublier qui je suis et d'où je venais ? Eden Launwitch. Eden Launwitrch, Eden Launwitch ? Merde, qu'on me laisse dormir. Je ne sais même pas si je serai en état de lui répondre.

Faisant preuve d'une étonnante souplesse, je délaisse la purée de carotte que je trouve juste immonde pour préférer l'assiette creuse d'eau. Par un coup habile du menton, j'incline le conteneur au bon angle après une rapide étude. Pas besoin de laper, je ne suis pas un animal de toute manière. Ainsi, je bloque le bord de l'assiette profonde entre ma mâchoire et je bois, laissant l'eau passer entre mes dents pour boire. Juste avec ça, je pourrai m'endormir. Reposant la vaisselle, je m'oriente vers l'autre avec les boulettes de viande. C'était équilibré comme repas, je le note. Ad y avait prêté une attention particulière. Mais telle une enfant, je garde mes préférences. Je gobe les boulettes, en ne me salissant que très peu. Bien plus calme. Mentalement, j'ai réussi à me reprendre pour un court instant. Mais pas la purée de carotte... Et puis j'en ai pas mangé depuis que je sais marché. C'est pour les bébés. Je fais même une petite moue avec une joue gonflée en avisant ce qui reste. Mais déjà, je sens la fatigue me prendre. Me doutant que je risque de dormir par terre, je m'allonge comme je peux sur le côté. C'est là que mon torticolis revient de plus belle, je me fige. Remarquant qu'Andawen est posée sur le canapé à me regarder. Je garde les jambes serrées l'une contre l'autre. Je dois encore parler... Mais déjà, mes paupières sse font lourdes, j'avais un cruel besoin de me laver et de dormir.

"Je suis sans doute comme vous, un échec cuisant crée par Satan... Je ne suis pas censée exister parce que je suis la dernière représentante d'une race que le Malin n'a pas réussi à crée correctement. Sans but, sans fonction particulière, pas de famille. Je suis vouée à mourir un jour ou l'autre si le Néant me dévore car il n'a pas été stabilisé par Lulu, donc je n'ai aucun intérêt, et à errer comme un Spectre. Et je suis née de parents qui ne sont pas comme moi. Tout simplement... Satan nous a abandonné chez les humains. Je suis imprévisible, c'est tout ce que je peux savoir vous dire. Je dois restée cachée aux yeux de Satan où il fera tout pour tuer son l'un de ses échecs."

Une certaine morosité me gagne, comme cette pensée de savoir que je suis née d'un viol pour mourir dans un suicide dans l'ombre. J'avais dit la vérité, mais j'ignore aussi à quel point j'avais beaucoup de traits de Satan. Jouer avec les mots sans mentir, avoir sa même curiosité insouciante. S'amuser sur des choses dépassant le commun des  mortels. En somme.. quelques prémices de divinité. Les démons de Sang peuvent le détrôner, car par le Néant il a composé.

C'est à peine si je parviens à réagir lorsque cette femme se rapproche de moi, notamment pour me saisir la gorge. Je n'ai pas de force, impossible pour moi de résister, je suffoque déjà en toussotant. Le poids de tout mon corps m'arrache de puissantes vagues douloureuses. La Terreur  se rapproche de moi, j'ouvre la bouche alors que ma soif se fait encore ressentir. Je danse le tango, c'est trop pour moi, je commence déjà à vriller et à commencer à perdre connaissance. Non, je ne suis pas une héroïne, loin de là. Ma résistance est tout au plus égale à celle des rebelles mortels, même si ma volonté reste de fer. Là, j'ai décidé d'abandonner en l'instant. Que tout cet enfer me quitte pour que je puisse enfin dormir. De plus, je suis incapable de tenir sur mes jambes. Cette torture m'avait fait trop de mal.

La gravité me reprend dans sa lourde étreinte, je sens aussi ma conscience partir en éclat. Même sans m'y avoir forcé par son pouvoir, Ad aurait pu me voir m'écrouler. Je ne sais même plus si je ressens les maux de ma chute. J'aurai aimé mourir, ne pas me réveiller. Mon équilibre est rompu, je ne dois pas virer dans les ténèbres et le chaos. C'est ce qui avait perdu ma mère, mais moi je ne suis pas comme elle.
C'est pour mon plus grand malheur que je finis par me réveiller. Toujours nue, je constate rapidement que je suis toujours dans la même pièce. J'ignore les raisons, mais je suis comme bien plus reposée, ce n'est pas normal. Forcément, je m'attends toujours au pire. On m'a bien fait comprendre que le monde extérieur n'est que désespoir et chaos. Je suis trop fragile pour le subir, preuve en est ma situation.

Je ne cherche pas à camoufler ma conscience, tentant de rétablir le juste ordre entre ma méfiance, ma peur et autres émotions négatives avec mon autre partie bien plus calme, froide. Puis le centre de tout ceci ? Ma curiosité fascinée envers le tout et le rien. C'est particulièrement éprouvant. Et si je suis capable de faire la passe sur tout ce qui m'entoure, Ad me rappelle très facilement sa présence en me touchant après s'être approchée. Je me fige littéralement, partagée entre le frémissement et l'exclamation de surprise. Je m'attends toujours à me faire frapper violemment, qu'on me charcute pour m'examiner, me faire des expériences comme une bête.
Non, n'oublie pas qui tu es et ton objectif. Eden Launwitch, fille de Taïga et d'Egregario. Tu dois rentrer à la maison et devenir un aussi grand médecin et chercheur que Thaïs. Pour cela, tu dois t'échapper d'ici à la bonne opportunité, renforce toi le temps que tu passes ici. Vois ça comme une leçon, tu n'appartiens à personne sauf à toi-même.

Des années, et des années à me faire tambouriner ça dans la tête. Ma plus grande peur finalement était de finir comme ma mère, et d'entrer dans l'enchevêtrement terrible de tout le monde. Le cri qui s'échappe de ma bouche me surprend autant que la claque, j'ai une peur évidente de la violence. Non, pour la millième fois, je ne suis pas une dure à cuir pour les milliers d'yeux invisibles qui me fixent.  
Je hoche simplement la tête dans un bref "oui" très sobre lorsque l'entité qui semble aussi vieille que le monde me demande si j'ai bien compris. Attirer l'attention, très peu pour moi. Finalement j'ai réussi à préserver le coeur du secret de ma famille. Mais aussi à préserver mes forces comme mes faiblesses. Même si j'ai du révéler certaines choses, comme notre lien avec le Néant. Non, je ne dois pas laisser la peur me ronger. Je ravale ma salive. Cette position était aussi humiliante que plus confortable. Moi qui aime la chaleur humaine d'ordinaire, l'enfant en moi enchaîne les manques et les frustrations depuis des heures. Handicapant maa partie froide et calculatrice.

Ce qui est assez curieux, c'est la manière dont les créatures peuvent parfois penser que des créatures potentiellement puissantes à renverser le monde, aient des besoins tout aussi.... impressionnant. Je remonte mes yeux rubis vers la grande brune à la peau trop parfaite pour être naturelle. L'éludant autant qu'elle semble s'amuser à me ... à me... je ne sais même pas quoi dire. C'est assez différent de ce que je connais des histoires de maa mère. On a déjà abusé de mon corps, des gardes jurisprudentiels, j'ai couché avec le Majordome de la maison, j'ai cherché le malheur à toujours repoussé les limites. Mais je me rends compte qu'Andawen n'est pas du tout dans la même optique de douceur que ce que j'ai déjà connu.
Je la regarde dans un mélange de crainte et de réticence, la croyant à peine lorsqu'elle me disait que son but n'était pas de me briser. Me manipuler peut-être ?

Je n'ose pas encore parlé, au plus profond de moi-même, mon coeur est terrifié de ne pas être dans un endroit familier. C'est limite si je n'ai pas envie de retourner dans cette affreuse cage pour y souffrir et mourir à petits feux. Non, ne laisse pas le désespoir t'atteindre. Il est peut-être encore trop tôt mais rappelle toi que cette femme à sûrement besoin d'amour de te part. C'est pour ça qu'elle agit comme ça. Elle te veut pour des raisons similaires, pas pour... toi. C'est très douloureux, et ça te donne encore moins envie d'aimer n'est-ce pas ? Mais tu peux peut-être l'aider, c'est ça, raccroche-toi à l'espoir. Elle a besoin de toi, mais n'oublie jamais qui tu es.
Serait-ce possible de sentir ce que ressens au plus profond cette femme si je viens à lire et sentir son sang ? Je l'ignore, ces entraves m'en empêchent. Elle a peur de ce que je suis ? Ou bien c'est juste par flemmardise ? J'imagine qu'elle me libérera si je suis bonne. Oui c'est ça, être bonne, c'est ma seule option.

"Je n'ai besoin d'aucune âme, ou de sang, ou de quoique ce soit d'autres. Je sais que ça peut paraître étrange, mais la nourriture et l'eau avec de quoi satisfaire mes besoins primaires sont amplement suffisants. Ma magie vient simplement des mes molécules, de ma propre vitalité."

Je sais qu'il y a des non-dits, mais ca reste tout de même la vérité. J'ignore si j'ai réellement besoin d'âme ou d'autres choses, mais mon arme, c'est mon propre Sang. Et puis je ne cherche pas à me donner des éloges, la plus puissante ici est celle qu souhaite me posséder. J'ignore pourquoi, je me sens triste à son égard. Pas me concernant, mais pour elle. Comme une très vielle et lourde nostalgie. Je ne la vois plus. Je tremble, toujours plongée dans mes pensées.

Je n'aime pas subir de cette manière, laisser une personne s'occuper de moi, même pour me posséder. C'était comme ci je dois encore forcer autrui à s'intéresser à moi. J'abaisse le menton. Qu'est-ce que je souhaite réellement ? La décevoir ou l'intéressée ? Comment je peux la satisfaire tout en restant intègre à moi-même ?
La partie la plus froide d'entre toute, cette petite voix qu'on refuse toujours d'écouter. Bien sûr que je suis parfaite dans mon ébauche raté. Je suis capable de prendre la place de Satan, je suis capable... de t'absorber, Andawen. Les infectés du Néant ne me font aucun mal, je les mange, ils ne me font rien car je suis née comme ça. Le sang, le sang est le lien. Au loin, je relève la tête, voyant comme une image rémanente d'une spectre momifiée.

"Maîtresse, le Néant est aussi votre compagnon. Si vous souhaitez réellement savoir ce qu'il me faut, j'ai juste... besoin d'Amour. Je veux pouvoir aimer, me rendre utile et aider les gens."

Je suis totalement sincère, l'Amour est la seule chose dont j'ai besoin. Ca m'empêche d'être terriblement triste, d'anéantir les choses. J'abaisse encore le menton. Ca peut sembler anodin, mais pour résister aux Echos du Néant, l'amour est le remède. Je suis née comme je suis, et je ne suis pas encore morte, parce que j'ai eu une mère terriblement aimante à mon égard. aussi détraquée et malsaine je suis avec l'inceste, ces choses étranges pornographiques, sociales et j'en passe. Je veux m'abreuver de tout, tel le Néant vibrant dans mes gênes en trop grosses quantité. Cette femme possède quelque chose que moi aussi je n'ai pas et je n'arrive pas à mettre la main dessus. Je me contorsionne pour chercher une autre position, me dandinant légèrement. Avec une telle pensée.. je ne me rends pas compte, mais une puissante vague, telle une onde de choc semblable à celle de la maison s'échappe de mon corps. Mais en l'absence de ma magie, c'était la complexité du N2ant dans mes gênes qui vibre que Satan a raté. Le poids de toute une espèce. Une puissante déflagration émotionnelle qui cherchait à s'échapper. Des émotions comme l'Amour, la Dépression, une Colère contenue, une Tristesse infinie et de Gentille, ce genre de paradoxe. Ma magie aurait du me causer une hémorragie externe qui aurait taillader la table basse et ce qu'il y a autour. Mais avec les entraves, c'est juste une grande douleur qui m'assaillent. Je me mets à gémir, me contractant. Je ne comprends pas moi-même ce qu'il m'arrive, mais mon subconscient veut juste sonner en diapason avec Ad. De par sa propre particularité.

Pour être surprise, cette entité est sur le cul. Comment je le sais ? Peut-être la légère suspension dans le temps qui suit ma réponse ? Je ne suis pas dupe. Cela me permet cependant de me recentrer un court instant. Rassembler mes esprits, ma partie la plus froide tentant déjà de calculer, de trier et de sélectionner la meilleure des décisions à faire. Lorsqu'elle s'allonge sur moi, son murmure est très proche de moi. Cependant, un mot me tique, esclave ?
Je me tortille légèrement, alors que je percute ses mots, l'entité descends pour littéralement me faire quelque chose sans mon consentement. Clairement que j'aurai dit non. Besoin de temps pour m'approprier un espace, une personne, n'importe  quoi. Là, je ne peux rien faire. La Chose s'insère drôlement en moi, je me crispe en criant purement de détresse et de peur. C'est aussi pervers que malsain, j'ignore ce qu'elle me fait mais ce n'est clairement pas normal. Cela ressemble vaguement à certaines séances de plaisirs solitaires avec ma magie. Mais c'est top personnel pour que j'ose moi-même le pensée. J'essaye de l'arrêter en la suppliant, mais mon corps me trahit. Mes gémissements se font de plus en plus incontrôlés, mes halètements, pareil. Pourtant son câlin précédent avait été agréable, c'est peut-être le bon mot. Je ne sais pas. Je me cambre, au rythme de la bataille qu'elle livre en moi. encore plus lorsqu'elle se met à me torturer une partie beaucoup plus intime. Je n'ose même pas le nommer. Je ne suis pas du genre sainte nitouche, mais plutôt très renfermée sur moi-même. Surtout devant les inconnues comme elle. Mais d'ailleurs ça fait combien de temps que je suis ici ? A cette pensée, mon corps me rappelle la soif et la faim. C'est vrai, je suis encore salement déshydratée et affamée. Et j'ai envie d'aller aux toilettes. C'est vraiment rabaissant.

Mon corps aura cédé malgré moi à Andawen, tout se terminant par un cri qui m'égosille la gorge. Effondrée, je ne tarde pas à me lever directement, dès lors que les entraves me libère. Je plie directement mes membres, titubant en passant une main sur ma poitrine et en serrant les jambes. Je n'aime pas être exposée. C'est ainsi que je me reprends autant que possible. Je regarde la femme directement dans les yeux, ma psyché est beaucoup plus calme, ayant maintenant passer la phase d'acceptation sur mon précédent dilemme.

Une cage ? Mon corps manque de me faire vomir les tripes. Je suis trop en alerte pour sursauter au claquement de ses mains. Les yeux grands ouverts en la fixant. Contre mon gré, je me mets à la suivre. Hors de question de baisser le regard et interdiction de l'offenser non plus. Mon coeur se met à battre à tout rompre, mes pensées sont parasitées. Dans mon oreille, ce spectre se met à murmurer. Des choses que seul mon subconscient peut comprendre. Alors, comme une seconde nature. Je me retrouve subitement avec un air plus serein, encore tremblante de l'orgasme ressenti. Toutes mes émotions remises à plat, dans un état presque... comment dire ? Stagnant que de l'eau croupie. Pas de magie, juste un conditionnement mental très puissant, comme une seconde nature. Ma respiration se calme et je réponds de lam anière la plus naturelle qui soit.

"Un livret de collection sur Daemon Huntress Aocalypse."

Qu'est-ce que c'était ? Un manga hentaï de collection de plusieurs tomes. Sur des nécromanciennes, j'aime beaucoup les nécromanciennes. Des femmes avec une intrigue médieval, des princes et seigneurs à sauver en résistant à leurs geoliers, des monstres en tout genre. Basiquement, c'est ça. Si ça peut me permettre de m'échapper, ça serait bien. J'aurai aussi pu demander un verre que je briserai pour me couper les veines, mais je n'en ai pas encore besoin. Je dois encore observer. Je me sens bien plus calme, c'est asses surprenant. Cela vient vraiment de moi-même ? Je suis très surprise... si c'est le cas.
Je rentre dans cette cage sans broncher, bien que j'aurai aimé rester debout sans rien faire. Je crois que je développe une certaine peur concernant ces cages. Ca, je ne peux que le ressentir. Je regarde alors Andawen.

"J'ai très faim et soif oui, et j'ai besoin d'aller aux toilettes et de faire des exercices pour mon corps. Je ne sais pas si je tiendrai plusieurs heures avant de devoir uriner et déféquer... surtout boire. Maîtresse."

J'ignore que je suis la marionnette de mon propre créateur, mais lequel ? Serait-ce Satan ? en ce cas là, c'est toute ma race qu'il gère en moi. Egregario, mon père spirituel ? Alors il ne ferai qu'observer tout en me préservant. Et ma mère ? Croyez-moi qu'elle déchainerait tout son Savoir juste pour me libérer. Non, je ne peux pas la mettre en danger. Tu vas devoir trouver une solution. Je sais pas.. comme un double de toi ? Tiens, tiens... n'y aurait-il pas une clone artificiellement crée suite à ma naissance ? Je crois que mon Père biologique m'en avait parlé. Non.. si ? Attendez, je savais qu'on voulait me kidnapper lors de l'attaque du village... Je me perds. Je ne devrai pas stimuler mon imagination. C'était la clef de ma magie et instabilité. Taïga, ses émotions. J'avise Andawen, non sans la supplier mais avec un grand calme et d'attente. Je ne peux cacher ma peur de me retrouver de nouveau seule dans ma cage, le malaise me tord le ventre. Un puissant malaise avec une angoisse sous-jacente, si ce n'est pas plutôt de la terreur. Mais par la force de ma volonté, je ne la supplie pas ou peut-être... J'ignore si ça sera accepté alors qu'elle partira.

"Est-ce que je peux rester dans cette pièce ? en dehors de cette cage ? Je ne bougerai pas d'ici. Je serai parfaitement silencieuse. S'il vous plaît ..?"