Rencontre fortuite (vraiment?) et réponses aux questions... (pv)

Rester sage, ne pas se faire remarquer, pas bouger, c'est pour votre protection, je reviens vite...

Elle avait essayé, vraiment essayée, mais ce n'était définitivement pas son truc d'écouter sagement, rester discrète en restant là où on lui avait dit et cela malgré le fait que cela soit pour sa protection. Du coup, même s'il revenait vite, cela ne suffisait pas toujours et ce n'était pas toujours sa faute. Son esprit vagabondait, des fois dû à une attaque de son amant, cherchant à renouer le lien, souvent cela provenait aussi de son propre esprit ou plutôt de son corps. La Reine était prise de pulsion, que cela soit la faim, le désir, tout cela était devenu pour elle des choses aussi vitales que respirer. Lumina ne parvenait presque plus à résister à ses propres envies, continuellement tourmenté par des rêves et des voix, cela devenait rapidement trop dur. Les murs de la pièce se serrant sur elle, l'étouffant, lui rappelant cette première fois dans la fameuse grotte, si beau... Y songer était meurtrier, poignardant son cœur à ce simple souvenir qui devrait la faire vomir de dégoût et pourtant elle n'y songeait même pas. Pour elle, il était dieu, un dieu cruel de l'avoir délaissé un jour de trop, elle avait quelque chose en elle que les autres n'avaient pas et cela lui procurait un élément qui changeait tout. En effet, elle avait encore un libre arbitre et cela déséquilibrait absolument tout. Une clef, elle était déjà importante, mais là, elle allait bien au-delà, elle devenait vitale pour lui et cela ne faisait que la rendre plus forte encore. Les malades suspendus à ses pensées, ses émotions, ressentant tout comme s'ils faisaient tous un ne pouvait donc qu'être en admiration devant elle. La désirée, celle qui ne se laissait plus approcher par le Dieu Roi.

Lumina se réveillait en sueur, elle se trouvait sur le sol froid à côté du lit, les draps au sol emportés par la chute qui ne l'avait même pas réveillé.

« Mon amour, mon amour, mon amour revient. »

Les voix reprenaient, elle avait si chaud, l'impression de brûler de l'intérieur, il l'appelait à nouveau, cessait-il seulement de le faire des fois ? Sans doute que non, c'était juste qu'en général, elle était assez forte pour bloquer la transmission, enfin, le sang d'Ange aidait beaucoup et elle en avait presque plus :

- Dmitri... Dmitri ?

Une montée d'adrénaline la prenait, où était-il ? Elle était seule ? Elle n'était jamais seule, son regard balayait la pièce et elle voyait un homme recroquevillé dans un coin, n'osant pas bouger. Le voir la calmait d'un coup, ses pensées se centraient, oui, il lui avait dit qu'il reviendrait vite et avec du sang en plus. Un soupir lui échappait et le calme revenait. L'homme n'osait remuer le moindre doigt parce qu'elle lui avait donné l'ordre de ne quitter le coin sous aucun prétexte et c'était une clause imposée par son protecteur pour sa sécurité. Le Malade n'oserait lui faire du mal, mais il préférait ainsi et ne lui en voulait pas. En vérité, cette sécurité, ce besoin de veiller sur elle, elle aimait cela, un peu trop sans doute. Le voir inquiet, le soulagement dans le regard lorsqu'il la retrouvait après qu'elle avait désobéi, oui, c'était ce dont elle avait besoin là. Non, elle ne devait pas sortir, il commençait à faire nuit, mais elle avait encore une dose, devait-elle la prendre ?

« Mon amour... »

Entendre la voix de son cher et tendre fut suffisant. Elle se précipitait dans la cuisine, ne prenant même pas la peine de se lever ou s'habiller. Elle y avait rampé à une vitesse folle et de manière inhumaine. Ouvrant la portière et l'arrachant en passant. La seringue en main, elle tentait de se piquer, mais en vain, sa main tremblait de trop et son corps commençait déjà à changer :

- J'y arrive pas, j'y arrive pas ! Je ne veux pas, pas ce soir, TOI VIENT LA !

La voix avait changé, à la voix psychique et audible à l'oreille. Le Malade se précipitait dans la cuisine, elle n'avait même pas besoin de formuler ses volontés, il savait, prenant la seringue alors qu'elle se tenait le bras fermement sur le sol et lui faisant l'injection. L'effet était instantané, un véritable shoot de bien-être tandis qu'elle s'autorisait une caresse sur la joue du malade. Cependant, celui-ci se mettait déjà à avoir des pensées plus... Intense, elle le sentait, voilà pourquoi Dmitri ne voulait pas qu'il bouge de son petit coin, comme tous les autres la proximité de la Reine réveillait des pulsions brisant ce qui restait d'humain en eux. Dire qu'avant elle aurait fui à la simple vue d'un être aussi hideux, alors qu'à présent, elle le trouvait plutôt jolie. Néanmoins, elle avait promis, cette règle ne devait pas être brisée, trop dangereux, elle réveillait un peu trop la Reine en elle et pouvait provoquer l’irréparable. Ainsi, elle le repoussait du pied et ce dernier filait à nouveau dans son petit coin. Lumina réprimait la transformation et allait dans la salle de bain pour se regarder. Il y avait des soirs comme ça, voir sa peau blanche légèrement bronzée pendant que le soleil finissait de décliner lui donnait envie de sortir. Cela n'arrivait pas souvent, il fallait en profiter quand c'était comme ça et du coup elle s'habillait. Ouvrant son armoire, elle ne trouvait pas grand-chose, faut dire qu'ils n'avaient pas vraiment pris le temps de faire les magasins et l'on ne trouvait pas fréquemment de choses assez chics pour elle chez les gens des bas quartiers. Puis, acheter ? Il fallait avoir le fric pour et voler des pauvres n'étaient pas très utiles. Elle avait une belle robe de soirée vert émeraude qui lui collait à la peau, le décolleté attirait un peu trop les yeux et sa longueur qui s'arrêtait au-dessus des genoux n'arrangeait en rien la situation. Cependant, qui disait soirée, disait aussi robe de soirée et elle l'enfilait avant de se diriger vers la sortie. Une prise de conscience la faisait prendre son téléphone et son sac à main. Puis, en le faisant, elle prenait aussi un morceau de papier et de quoi écrire pour laisser un mot à côté de la porte arraché du frigo.

''J'ai fait une petite crise, j'ai dû demander à l'autre de me piquer, tout va bien, c'est une bonne nuit, je suis donc sortie... Trouve-moi.''

Lui dire où elle allait ne lui venait même pas à l'esprit, de toute façon, il pouvait la suivre à la trace rien qu'avec le lien qu'ils partageaient. Peut-être même qu'il ne prendra pas la peine de rentrer et ira tout de suite à elle. C'était encore assez nouveau pour lui et pour elle, mais avec le temps, elle était certaine qu'il parviendrait à tout savoir rien qu'en pensant à elle. Ce moment la faisait sourire, elle aimerait déjà y être. Elle s'arrêtait devant une sorte d’hôtel restaurant qui avait son propre bar, l'endroit lui disait quelque chose, elle était déjà une fois venue ici. Lumina s’apprêtait à entrer lorsqu'elle se figeait, il y avait quelqu'un à l'intérieur qui l'attendait, mais il n'était pas un malade, enfin, pas encore vraiment. C'était si léger, presque délicat, il souffrait, elle en avait presque le goût en bouche, cela la rendait un peu triste, mais pas bien longtemps. Elle haussait les épaules et entrait ensuite. Lumina agissait machinalement, les malades se mettaient en quatre pour elle et pour le coup, la plupart du temps, elle n'y prêtait pas attention. La vérité était que c'était plus simple pour elle ainsi, si elle y pensait trop, elle s'approchait de la Reine et là le comportement changeait radicalement.

La musique la berçait à peine rentrée, les gens la rassuraient, leur regard la réchauffait, lui rappelait le désir brûlant des milliers de malades qui l'entourait en permanence avant, mais sans en arriver à lui faire ressurgir la Reine. De plus, tout ce bruit l'aidait à étouffer son Amant, elle s'installait à une table vide, soupirant d'aise en fermant les yeux et se laissant emporter par la musique. Une serveuse approchait, lui demandait ce qu'elle voulait boire et cela la faisait sourire. Elle se rappelait enfin cet endroit, cette fille lui avait demandé la même chose et une odeur appétissante sur elle l'avait fait commettre un impair. Elle ne sentait peut-être pas aussi bon, mais qu'importait, sa main vint saisir un pan du chemisier et elle tirait dessus pour la faire se baisser. Son visage se levait de suite, s'apprêtant à l'embrasser, elle était... Belle. Cependant, en aurait-elle le temps ? L'homme, celui qui la regardait, la dévisageait depuis qu'elle était entrée, il était... Beaucoup plus proche maintenant.

Elle sentait bon, terriblement bon, finalement la même odeur se trouvait sur les deux femmes, qui pouvait savoir d'où cela provenait. Lumina n'avait pas cessé de sentir le regard du malade en sommeil sur elle, la dévisageant sans arrêt, elle n'en avait cure, ce n'étaient pas ses yeux qui l'empêcheraient de goûter. Pour ce qui était du reste, du nombre de visages qui la scrutait en ce moment, eh bien, c'était agréable, comme si des milliers de mains la réchauffait et cela ne pouvait que la mettre en confiance. Certes, elle devrait penser tout l'inverse, mais le danger lui était inconnu à ce moment précis, ne réalisant aucunement le vrai sens de leur regard lubrique. Là, tout de suite, c'étaient les lèvres pulpeuses de la serveuse qui l'intéressait et qu'elle s’apprêtait à sentir et toucher.

Cependant, quelqu'un était venu la retenir, la bloquant alors qu'elle était si proche, son regard papillonnait un instant, surprise avant de regarder la demoiselle s'éloigner. Lumina était resté figé, regardant son goûté user de ses jambes pour s'éloigner d'elle et laisser à la place le Malade endormis qui s'installait face à elle. La pauvre en avait oublié de commander, trop tard, lui l'avait fait, tant pis, elle lui piquerait, c'était la moindre des choses après lui avoir volé sa nourriture. Enfin, elle reviendrait lui apporter, tout n'était pas donc pas perdu. La porte du bar s'ouvrait sur la rue, un léger courant d'air entrait et fit déplacer les odeurs, dont celle du fameux Lucca. Lumina redressait la tête d'un coup, tournant ensuite son visage vers lui pour bien l'observer alors qu'il croisait les bras. Sa première pensée fut qu'il était franchement bien battit et plutôt mignon. Néanmoins, son physique passait à la trappe avec l'odeur qui lui montait aux narines, la faisant presque saliver en un instant. Heureusement, elle avait encore de bonne manière et se retint de baver littéralement devant lui et sur lui. C'était lui l'odeur, un frisson la parcourait et s'il n'avait pas ouvert la bouche, elle aurait sans doute fait le tour de la table, voir passer sur la table pour finir assise à califourchon sur lui.

Espoir brisé par sa bouche qui remuait pour lui annoncer des banalités dont elle prenait même pas la peine d'écouter, non, elle préférait regarder les muscles du cou bougeant sous l'action de sa mâchoire. Lumina tiquait tout de même sur le nom, seule vraie chose qu'elle avait retenue de sa phrase, en plus des excuses, elle aimait les excuses, aller savoir d'où cela lui venait. Par contre, son petit sourire lui arrachait une moue vaguement boudeuse, il souriait un petit peu trop après l'avoir agacé, mais son regard la réchauffait, ne ressentant bien peu d'appétit animal dans celui-ci. Enfin, cela ne l'aurait sans doute pas dérangé dans le fond, dans tous les cas, elle s’apprêtait à retenter une approche alors que la serveuse était revenue avec la bière. Elle l'avait coupé, on l'avait à nouveau coupé ! Grondant un peu à l'intérieur, elle chipait la bière sans gêne, buvait trois gorgées, poussait le verre sur le côté avant grimper sur la table en usant d'une grande... Souplesse. Évidemment, cela se produisait devant les yeux déconfit de la serveuse et du reste des personnes qui regardaient par là à cet instant. Ses pieds ne touchèrent même pas la table, ses fesses installées au bord, un mouvement du bassin et beaucoup de force dans ses bras. Le tour était joué pour se retrouver assise sur l'autre bord de la table et tellement proche de Lucca qu'il en avait quasiment le nez dans sa poitrine.

Néanmoins, ses jambes restés sages jusque-là vinrent interdire à son cavalier de bouger alors qu'un talon drôlement pointu se plaçait contre ce qui lui servait à se reproduire. Un doigt levé pour lui intimer le silence et la patience tandis que son autre main attrapait la serveuse par le chemisier à nouveau. Son regard se tournait pour fixer cette dernière et elle s'approchait dangereusement de ses lèvres. Si elle sentait un léger mouvement chez Lucca, elle ne se gênerait pour rappeler la présence de son talon et s'il devait essayer de lui retirer le pied. Le pauvre risquait de se mettre à douter de ses forces, réalisant qu'il ne pouvait aller contre sa volonté et que même s'il le pouvait, elle était bien plus forte qu'elle ne le semblait. La petite serveuse n'osait faire le moindre geste, sentant une poigne de fer chez la cliente et son regard la tétanisait littéralement. Lui retirant ses forces et la volonté de lui refuser quoi que ce soit. D'ordinaire, elle ne le pouvait que sur les malades, mais lorsque la Reine ressortait un peu, même les humains se montraient réceptifs et influençable. Pourtant, elle ne l'embrassait pas, elle se contentait de renifler une unique fois au niveau du cou, ce fut discret, l'inspiration n'était perceptible que par Lucca et la serveuse. Puis, la main relâchait le chemisier et elle se tournait vers le mâle en ajoutant :

- Je confirme, c'est bien ton odeur que j'avais senti...

Un geste de la main congédiant la serveuse et un talon se décalant plus tard et la voilà qu'elle glissait du bord de table pour finir sur les genoux de l'homme. Installé à califourchon, les mains se posant contre son torse, quitte à lui repousser les mains, elle tâtait, découvrait alors que son visage approchait cette fois de lui. Elle s'arrêtait à quelques centimètres à peine de ses lèvres, le fixant pendant que sa poitrine était déjà en train de s'écraser contre son cavalier. Les mains étant à présent passées derrière la nuque de ce dernier et sans approcher davantage, elle s'adressait enfin réellement à lui :

- Tu sens bon Lucca, je m'appelle Lumina et non je ne te pardonne pas de m'avoir interrompu.

Ayant trouvé quelque chose qui lui plaisait, elle aurait dû lui sauter dessus encore plus violemment et clairement lui prendre tout ce qu'elle désirait. Cependant, une petite voix lui soufflait que son Dmitri lui tirerait les oreilles comme pas possible si elle allait plus loin :

- Tu veux pas lancer un regard noir à tout le monde pour qu'il nous laisse un peu tranquille ?

Une moue souriante sur le visage et elle se décalait sur le côté, retrouvant ainsi la banquette. Le dos placé contre le mur, elle avait laissé ses jambes sur les cuisses de Lucca, comme pour lui interdire de s'éloigner. Sa main se tendait alors vers le verre, trop loin pour elle, avant qu'elle ne regarde son cavalier d'un air presque suppliant. S'il lui attrapait le verre pour lui donner, elle ajouterait à peine réceptionné :

- Je veux aussi à manger.

Le merci était pour les prunes, ce n'était plus vraiment un réflexe alors qu'elle prenait un malin plaisir à déshabiller Lucca des yeux. Clairement, elle n'était guère plus subtile que lui envers elle tout à l'heure, le seul effort qu'elle faisait était de croiser les jambes pour éviter une vue imprenable.

La politesse ? Elle savait autrefois, elle l'utilisait souvent, elle avait même des phrases toutes faites pour chaque situation possible dans sa petite vie confortable et sans problème. Enfin, elle n'était pas tant sans problème que cela, mais par rapport à maintenant, cela était futile. Le temps l'avait rendu plus royale et du coup beaucoup moins encline au respect. Obtenir ce qu'elle demandait, c'était parfaitement normal, il pouvait d'ailleurs s'estimer heureux qu'elle ne faisait que demander, encore un peu et elle se mettrait à donner des ordres à tout-va. Cependant, oui, elle avait une façon de faire qui dénotait une certaine nonchalance doublée d'un profond tempérament hautain. Heureusement, Lucca ne s'en offusquait pas du tout, c'était mieux, surtout s'il souhaitait rester le plus discret possible avec une femme comme Lumina dans les parages. On avait bien tenté de lui faire comprendre, elle pensait réellement l'avoir compris et même pensait respecter ce qu'on lui avait dit. Néanmoins, sa connaissance du monde était finalement bien moindre en comparaison à son âge et son rang.

Il lui faisait une petite liste de repas possible, elle pourrait bien faire la moue et demander à ce qu'il lui apporte autre chose d'ailleurs, mais voilà. Elle savait que cela ne se faisait pas et elle n'avait aucunement envie de partir d'ici pour l'instant, du coup elle prenait sur elle. Il disait que le Fish & Chips était bon ici, alors elle répondait :

- Va pour le Fish & Chips mon garçon.

Mon Garçon ? Pourquoi l'avait-elle appelé ainsi ? Peut-être parce que finalement, c'était ce qu'il était par rapport à elle, mais partie ainsi la majorité des personnes qu'elle allait croiser dans sa vie le serait. Non, en fait, elle le trouvait plutôt mignon, bien battit et assez obéissant sans pour autant réellement être malade pour le moment. Néanmoins, pour combien de temps serait-il encore comme ça ? Il était clairement infecté, ce n'était à partir de maintenant qu'une question de temps et cela pouvait même aller très vite. Elle pouvait sentir la souche l'ayant atteint et avait déjà réalisé qu'il l'était par elle. Même si elle n'était pas directe, probablement un fraîchement contaminé par elle, possible, mais aussi futile. Un serveur s'était approché, pas très jolie, enfin à ses goûts et pour y convenir, il ne fallait pas juste être beau, en fait, cela n'avait pas vraiment d'importance à ses yeux. Après avoir servi de Reine pondeuse pendant des années à des millions de malades, elle n'était plus réellement regardante là-dessus. Non, c'était davantage une question d'ADN, comme si elle pouvait le sentir, certain était des fruits exquis qui pourraient faire des malades sublime et dangereux. Son cher protecteur en faisait partie, elle l'avait d'ailleurs amélioré pour cela et Lucca en faisait aussi partie. C'était cela qui se trouvait dans son odeur qui l'attirait tant et qui finirait par le mettre dans des ennuis plus gros que lui. Ses pensées furent troublées par le petit jeune qui reprenait la parole, s'adressant directement à elle alors que le serveur était déjà loin, attirant son attention quelques instants avant qu'elle ne soupire ouvertement. Une moue légère sur le visage, elle pouvait presque ressembler à une enfant qui n'avait pas envie d'être sermonné sur son comportement et qui du coup avait une attitude désinvolte. Lumina n'y répondait pas, restant silencieuse, faisant même peut-être un peu la tête, même si en vérité ce n'était pas vraiment le cas, mais son sourire revint de suite en voyant une assiette finir devant elle. Là, sourire et elle s'empressait de goûter et pour le coup ce n'était pas trop mal. Mieux que lorsque Dmitri cuisinait, mais bon, ce n'était pas difficile de faire mieux que lui là-dessus. Elle avalait quelques morceaux avant de se souvenir qu'il lui avait parlé et réagir enfin dessus, après plusieurs minutes à avoir été ignoré et même boudé :

- Je m'habille comme je veux et je suis sortie sur un coup de tête pour me changer les idées, j'avais envie d'essayer cette robe, voilà.

Elle repensait à une chose qu'il avait relevée et se figeait un instant. Son regard venant se planter sur lui avant que son ne se lève légèrement pour ensuite frapper du talon. Le coup était passé juste sous ses bijoux de familles, autant dire qu'un peu plus haut et il l'aurait senti passer, surtout qu'un craquement significatif venait de retentir. Lumina fronçait d'un coup les sourcils en relevant le pied avant de chouiner assez bas :

- Fichtre mon talon... Il est cassé...

Une moue énorme sur le visage en le regardant, on aurait dit la fin du monde sur son visage durant un instant qui semblait interminable. Puis, elle haussait les épaules et retirer les deux escarpins. Cette fois, elle reposait les pieds sur ses parties de façon douce, peut-être un peu trop... Agréable :

- À cause de toi j'ai cassé mon talon, il faudra me rembourser et arrête de dire les choses à moitiés, je n'aime pas ça. Tu as fait bien plus qu'apprécier ma proximité d'avant, tu n'arrives même pas à détourner le regard de moi depuis que je suis rentré et même avant.

Touché, comme on disait, et pas uniquement verbalement. Son pied s'amusait doucement, glissant sur l'entrejambe alors qu'elle venait de se remettre à déguster son repas. Punaise, comment elle sauterait au plafond si Dmitri débarquait là, elle se ferait enguirlander comme rarement, surtout qu'il remarquerait aussi assez rapidement que Lucca était malade. Il n'aimait pas vraiment qu'elle s'en approche sans lui, ils ne pouvaient rien lui faire. Cependant, il pouvait attirer beaucoup trop l'attention et d'une façon bien moins discrète que son manège. C'était peu dire, si elle ne faisait pas attention, ils chercheraient à la sauter ici devant tout le monde sans l'ombre d'une gêne et le pire était qu'elle aurait sans doute du mal à ne pas le faire.

- Une vodka et des pâtes, sans rien. Cet accent Polonais prononcé n'était pas inconnu d'au moins une personne ici. Depuis quand était-je présent en ces lieux ? A peines quelques secondes, à vrais dire. Mon pas silencieux et ma dégaine passe partout m'aidait le plus souvent à passer dans la foule sans trop de soucis. Et comme une horloge parfaitement réglé, j'apparaissait au moment ou l'on voulait le moins de moi. Il ne m'avait pas fallu longtemps pour comprendre la raison de sa présence ici et si je n'appréciais pas qu'elle se livre à de tels démonstrations, tant qu'elle n'était pas en danger, je ne pouvais pas faire grand chose de plus que la sermonner. Une reine ? Une gamine oui.

Mais en cet instant, je remarquais surtout sa nouvelle... Proie. Un malade ? Mhh... Non. Du moins pas encore ? Il était trop contenu pour l'être. Visiblement, elle avait décider de s'amuser, peut être n'avait elle pas remarquée ma venue justement à cause de cela ? Ou alors elle m'avait justement sentis venir ? Je n'en étais pas sûr, je ne pouvais jamais vraiment être sûr de rien avec cet étrange lien qu'il y a entre nous.

Je m'en détournais pour le moment, crachant un chewing-gum, aidant à masquer l'haleine d'un homme mort, dans un cendrier du bar. Venant ensuite régler ma note pour ma commande une fois servie, je m'installa à une table dans un coin qui donnait sur toute la salle. Ironie du sort, j'étais alors exactement à la place de Lucca avant qu'il n'aille rejoindre Lumina. J'offrais un léger regard à ma Reine accompagné d'un simple hochement de tête. Pour l'heure, elle pouvait bien jouer à son petit jeu, elle se ferait tirer les oreilles plus tard. Je pouvais comprendre que ça lui était parfois nécessaires, je n'ose pas imaginer le stress qu'elle doit ressentir par moment.

Qui plus est, il y avait quelque chose chez cet homme, quelque chose d'intriguant. Si tel n'était pas le cas, Lumina ne l'aurait jamais approché autant. Je me décidais à être un observateur pour le moment, portant un vieux casque attaché à un walkman sur mes oreilles pour écouter de la musique. C'était encore la seule chose qui m'empêchait de penser à ces intenses pulsions que je ressentais en sa présence alors que je venais à manger ces pâtes sans gout accompagné d'une vodka. De toute façons, plus rien n'avait vraiment de gout, alors à quoi bon ? Du moment que je me sustente, peu importe ce qu'il y a dans l'assiette. Peut être devrais-je m'essayer à l'épicé ? Au final, peut être n'est elle simplement pas assez forte pour que les restes de mon corps ne puissent la ressentir.

Je déposais mon vieux blouson en cuir sur le dossier de ma chaise, laissant voir alors un t-shirt noir, un jean et une ceinture et une paire de rangers aux pieds. Rien de vraiment dénotant, surtout pour les quartiers ou nous étions. La sacoche que je portais en bandoulière, elle, émettait un léger tintement cristallin par moment. Ma dernière prise. Pendant que certains se salissent les mains, certaines se salissent les pieds semble t'il.

La pensée m'arracha un sourire amusé, les choses ne changeaient décidément pas. Il en était peut être temps ? Commencer par recruter de nouveaux protecteurs seraient une bonne idée. J'en étudiais alors cet être sur lequel elle avait jeté son dévolu. Difficile à dire comme ça, mais peut être pouvait il faire l'affaire ? Je passais alors une main dans mes cheveux poivre et sel laissant mon regard d'émeraude vagabonder sur les autres clients, l'ambiance était tendue, presque électrique semblait il. J'étais bien content d'avoir au moins mon "Vamp" avec moi. J'aurais préféré mon fusil, mais il était trop voyant en ville, aussi le laissais-je la plupart du temps à la planque ou dans la voiture, sous un faux siège de la banquette arrière. Il y avait quelque chose d'étrange en cette soirée et je n'arrivais pas à mettre le doigts dessus, aussi préférais-je rester sur mes gardes.

Elle l'avait senti, sans vraiment y prêter attention où alors trop tardivement, mais son attention était tellement accaparée par le jeune homme qu'elle ne s'y était pas attardé. Lumina continuait son petit manège et fut même un peu violente dans ses gestes. Juste un peu, mais résultat son talon était cassé par la faute de ce Lucca qui avait en plus à peine bronché. C'était peut-être le plus agaçant dans l'histoire, enfin, non, le plus agaçant allait être la suite sans l'ombre d'un doute. Pourquoi ? Parce qu'elle allait se sentir accuser, qu'il allait la tutoyer et se montrer un peu trop... Sûr de lui.

La confiance lui faisait peur lorsqu'elle n'était pas à son service, elle aimait l'assurance de Dmitri, donc cette peur se changeait en sérénité. Cependant, lorsque la confiance était à autrui, cela signifiait souvent qu'elle était en présence de quelqu'un de dangereux. Difficile de ne pas penser ainsi, des personnes confiantes elle en avait croisé dans sa vie et le plus souvent ce n'étaient pas des gens bien. Les Anges, avant elle les appréciait, maintenant elle les aimait d'une tout autre façon et se nourrissait d'eux. En somme, elle en avait peur aujourd'hui, les chefs d'entreprises ou de cabinets qui en savaient habituellement bien plus qu'elle et qui du coup pouvait lui causer des ennuis. De sales hommes vicieux dans les bas quartiers, le peu de temps où elle avait été à la rue dans sa jeunesse et qui aurait pu lui faire tant de mal. Puis... Lui... Miasme. Lui aussi était confiant, si sûr de lui et oppressant. Ignorant toute notion d'intimité, d'espace personnel, il était dieu et n'en doutait pas un seul instant. Donc, elle n'aimait pas l'assurance des gens, hormis lorsqu'elle était à son service et jamais autrement.

Il s'était approché, il était presque sûr elle, une petite part d'elle ne craignait rien, il ne pouvait rien lui faire. Après tout, ici, la créature la plus dangereuse était sans l'ombre d'un doute elle, puis il y avait Dmitri, c'était évident, elle pouvait le sentir, il était là, elle ne pouvait donc pas être en danger. Il avouait la trouver belle, élégante et terminait sur le fait qu'elle faisait partie des personnes qui n'avaient rien à faire là. Il poursuivait, disant qu'il était surtout intervenu pour protéger la serveuse et la première pensée de Lumina fut...

« Quelle serveuse ? »

En effet, elle avait déjà oublié celle-ci, après tout, elle n'était qu'une étape sur son chemin qui l'avait mené à un spécimen qui l'intéressait. Cependant, voilà qu'il parlait de ses sœurs, quelle sœur ? On s'en fiche de ses sœurs non ? Elle était la seule importante et qui avait le droit d'être importante non ? Ses pensées s'embrouillaient déjà, un malade se montrait... Insolent envers sa Reine et elle n'aimait pas cela du tout. Pourtant, il reculait ensuite à nouveau, reprenant sa place comme si rien n'était et lançant à nouveau un regard noir à tout le monde pour les faire regarder ailleurs. L'assiette revint en place, ses pieds aussi, bien qu'elles n'étaient plus au même endroit, heureusement, elle lui aurait arraché la gorge si cela avait été le cas. Elle attrapait une fritte, l'avalait pendant qu'il descendait sa bière et qu'il enchaînait ensuite.

Il parlait à nouveau de sa sœur, qu'elle l'avait embrassé, dans ce bar et qu'elle était rentrée tout cafter.

« Oui si tu le dis et alors ? »

Le lendemain, elle fut malade, Lumina fronçait les sourcils, d'ordinaire, il n'en fallait pas si peu pour en faire un malade, enfin, ça dépendait de l'ADN. Cependant, si lui était si compatible, ses sœurs devaient l'être pas mal aussi, même si pas autant que lui. Il parlait d'une seconde sœur contaminée ensuite.

« T'en as combien des sœurs ? Elles me gonfles, intéresses-toi à moi ! »

Il semblait tout triste, désemparé, regardant son verre et ensuite elle. Il la tutoyait ouvertement et racontait sa petite vie chamboulée, elles en avaient en vérité de la chance. Devenir malade est un cadeau, enfin, elle croît. Puis, Lucca avouait qu'il la fixait auparavant parce qu'il voulait la prévenir qu'elle était malade...

« Non, sans blague, j'étais pas au courant idiot »

Il parlait enfin à nouveau vraiment d'elle, disant qu'il ne comprenait pas l'attirance qu'il avait pour elle, qu'il ne la connaissait pas et pourtant il l'attirait. Il voulait la protéger, comme ses sœurs et parlait ensuite d'ironie en repensant que c'était à cause d'elle que ses sœurs ont dû être conduit au camp de malade. Son rire amer la dérangeait, ses insinuations aussi, elle avait sur lui un tout autre regard à présent. Il avait prononcé le mot ''Sœur'' quatre fois et pas une seule fois... Une vague de jalousie et de colère semblait imprégner son regard à présent, très loin de la sollicitude qu'il aurait peut-être obtenu en disant les choses autrement :

- Lumina...

Le seul mot qui était sorti, sa colère se trahissait aisément dans le timbre de la voix, mais l'émotion la plus puissante chez Lumina était toujours la jalousie et l'envie. Heureusement, elle faisait tout de même l'effort de parler à voix basse, la musique et le bruit de la salle aidant bien à camoufler :

- C'est Lumina, tu as dit quatre fois sœur, sœur, sœur et encore sœur... Je m'appelle Lumina et si tu me regardes parce que je te plais, tu as beau dire que c'est pour protéger ou je ne sais quoi, je te plais, tu veux me protéger... Normal imbécile.

La fin, le timbre avait encore changé, elle fut surprise et se calmait immédiatement ensuite. Ses deux mots avaient dû raisonner dans la tête de Lucca avec une force inouïe et s'incruster dans son âme. Les sentiments de la Reine, sa colère, sa jalousie risquant de donner la chair de poule à cet humain pourtant pas facile à intimider. Dmitri aussi a dû le sentir et cela n'allait sans doute pas lui plaire, bien qu'il n'y ait aucune chance que d'autre le ressente, peut-être un malade dans une rue adjacente, qui sait ? Elle soupirait, se calmant et avalant rapidement pas mal du contenu de l'assiette, comme si elle avait peur qu'on lui prenne dans les secondes qui suivent. Puis, une fois avalé et calmé, elle reprenait, ses pieds étant devenus entre-temps très solide et ceinturant clairement Lucca au banc :

- Je me suis un peu emporté, tu ne sais pas, donc il est normal que tu fasses des erreurs, je te pardonne tes paroles de tout à l'heure.

Elle pensait chaque mot, c'était sans doute le plus déconcertant, elle avalait une fritte et poursuivait :

- L'histoire que tu viens de me raconter ne m'intéresse pas beaucoup, j'ai assez de problème comme ça, je ne vais pas me mettre à compatir pour des femmes que je ne connais même pas. Par contre, si elles sont devenues malades, j'imagine que je peux me sentir concerné, je leur viendrais peut-être en aide, mais pour le moment, tu devrais t'inquiéter pour toi. Tu es malade toi aussi et sans moi...

Son regard cette fois se tournait vers Dmitri qui était non loin, un sourire apparaissait tout de suite sur ses lèvres, un sourire qui pourrait cette fois rendre Lucca jaloux. Qui pouvait recevoir un tel sourire de la part de Lumina ? Elle se détendait instantanément en le voyant, puis son regard revint à l'humain avec presque des étoiles dans les yeux :

- Je crois que je vais y all... J'y pense, tu sais cuisiner mon garçon ? Tu semblais vivre avec tes sœurs, tu as quoi comme logement et j'imagine que tu es seul à présent n'est-ce pas ?

Curieusement, on aurait presque dit une menace à la fin, comme si le fait de ne pas être seul à présent et donc qu'une autre personne partageait encore sa vie était un crime. Elle continuait de manger, attendant ses réponses et ajoutant juste :

- Si tu veux des réponses, commence par répondre à mes questions.

Un dangereux mélange entre la puissante Reine des Malades et la belle Lumina était en action. C'était la version d'elle la plus calme et posé. Cependant, c'était aussi celle que l'on ne pouvait pas raisonner et qui était calculatrice. Le genre de personne que l'on surnommait les Femmes Fatales, elle était manipulatrice et souvent sadique. Au moins ainsi aucun dérapage n'était à craindre et l'on pouvait même discuter avec elle. Dmitri avait sans doute un avis bien à lui sur cette version d'elle.

Il s'en allait, normal, elle pouvait le sentir partir, s'éloigner, mais aussi son inquiétude, elle savait qu'il la mettait dans l'ignorance concernant bien des choses et en vérité cela lui convenait. Elle ne voulait pas connaître l'étendu des problèmes qui pouvait l'entourer, il était là pour veiller sur elle et là-dessus, elle avait une foi inébranlable en ses compétences. Plutôt réaliste sous cet aspect de sa personnalité, elle s'intéressait à nouveau au jeune à côté d'elle. Son odeur, son histoire, sa peine, sa jalousie, rien de ce qu'il se passait en lui pouvait échapper à la Reine. Dans d'autre circonstance, elle aurait pu se délecter de sa souffrance et peine, histoire de moins penser à ses propres problèmes. Cependant, elle n'en faisait rien, il était intéressant, peut-être presque autant que son cher protecteur, il pourrait convenir à la version évoluée des Malades. L'un de ses gardiens dévots. Son attachement envers ses sœurs pouvait aisément être détourné vers elle, c'était déjà un peu le cas, une petite aide et le jeu en vaudrait la chandelle.

Sa langue passait sur ses lèvres comme si elle se délectait déjà de son futur repas, une brillance inquiétante dans le regard alors qu'elle l'écoutait. Finalement, c'était comme s'il lui donnait un CV, il savait se débrouiller en cuisine, il vivait seul à présent, séparé de cette famille tant chérie. Les deux femmes perdues dans les camps pouvaient s'avérer intéressante, elle devrait se procurer leur dernier examen de santé ou un échantillon de sang. Dmitri s'en chargera le moment venu, pour l'instant, elle avait une proie prouvée et certifiée apte à être bénis. D'autant qu'il était déjà malade, bien qu'il soit à un stade étonnamment bas et que la maladie progressait très lentement.

Il se mettait à lui sourire. Elle sentait un certain effort en le faisant, alors qu'il précisait en l'appelant cette fois par son nom, chose que tout à l'heure, il n'avait pas fait et l'avait en effet agacé. Lucca avouait qu'il avait encore des questions et reconnaissait qu'elle semblait avoir les réponses. Néanmoins, le lieu n'était pas propice à un tel sujet, il avait raison, parfaitement raison, son petit commentaire concernant le fait de suivre un inconnu chez lui la faisait doucement sourire. S'il savait qu'en l'état s'était lui la proie et non elle, il n'aurait sans doute pas fait un tel discourt. Sa question, mentionnant le fameux talon cassé, ramenait un peu plus la belle Lumina un peu enfantine sur le devant de la scène. Un caprice lui montait à la gorge et une moue semi-boudeuse lui échappait alors avant qu'elle ne s'apprêtât à répondre. Elle se tue pourtant, écoutant ce qu'il ajoutait, des excuses pour tout à l'heure, même si elle ne retenait que ce qui l'intéressait et non le passage sur les sœurettes qu'il ne put sauver. Un léger sourire en coin naissait sur son visage ensuite, le regardant partir pour payer les commandes. Elle sentait le lien se renforcer faiblement à nouveau, Dmitri revenait et il approchait rapidement. Elle devinait que la voiture serait sans doute en train de l'attendre devant. Lorsque le jeune fut de retour, elle cessait de sourire et lui disait sur un ton étonnamment sérieux :

- Mon Talon est cassé et c'est ta faute je te rappelle. C'est donc la moindre des choses de me porter, nous allons aller chez toi mon Garçon.

Elle tendait les bras et se laissait soulever pour finir dans ses bras. Lumina se fit très cajoleuse contre lui, reposant sa joue contre son torse, réalisant à quel point il était musclé et fermant les yeux pour profiter du balancement qu'il produisait en marchant. Son odeur était enivrante, si Dmitri n'avait pas été dans la voiture devant le bar, elle n'aurait sans doute même pas réalisé qu'ils venaient de franchir les portes. Sa main se levait doucement pour venir se poser contre la joue de son porteur et orientait son regard vers la fameuse voiture. Curieusement, elle n'avait même pas ouvert les yeux, comme si elle voyait sans avoir besoin de regarder. Puis, elle ajoutait d'une voix douce, comme apaisée, ce qui ne donnait vraiment pas envie de perturber ce moment, la Reine ne serait vraiment pas contente :

- Nous y allons en voiture, donne l'adresse à Dmitri, je t'autorise à monter avec moi à l'arrière mon garçon.

Sa façon de dire les choses semblait si naturel, comme si en effet, c'était un honneur et un droit exceptionnel de pouvoir s'installer avec elle à l'arrière et pouvoir ainsi être autorisé à... Rentrer chez lui ? Curieusement, il pouvait aisément avoir la sensation que ce n'était plus chez lui à présent, lorsque Dmitri serait à portée de voix, donc quand la portière s'ouvrirait ou s'il sortait du véhicule, elle prendrait la parole en s'adressant à lui :

- On va chez lui, il a une maison, ce sera plus pratique non ? J'ai sommeil, il sent bon, tu ne le laisses pas partir entendu ?

Elle disait cela en venant poser sa main à plat sur le cou de Lucca, descendant, regrettant qu'il ne porte pas de chemise, elle se rebiffe et se redressait très légèrement pour donner un coup de langue au niveau du cou. Curieusement, le Malade qu'il était risquait de se sentir comme hypnotisé durant un court instant, une sorte de trans, comme si ce simple geste fut le plus beau de sa vie avant que tout ne cesse. Elle était retournée se blottir contre lui et attendait de finir dans la voiture. Là, elle était en mode tête de mule, aucune chance qu'elle ne s'attache, ni même qu'elle s’assoit et demeurait allongée sur la banquette arrière. La seule réaction que l'on pouvait obtenir d'elle était un regard noir si jamais on venait à insister pour qu'elle change d'attitude ou de position. Il y avait de la place pour Lucca derrière, mais il aurait automatiquement soit une tête reposée sur les genoux, soit les jambes. Elle laissait les garçons gérer pour le trajet, fermant les yeux, elle avait tellement sommeil.

Quel petit délice, non, grand délice, en comparaison à son traitement devenu... Particulier, elle était un peu dure, elle était consciente que son Dmitri faisait son possible pour la protéger et en vérité elle n'en attendait pas moins de lui. C'était pour cela qu'elle l'avait ramené et pour cette même raison qu'elle le fit venir avec elle. Sa présence l'aidait contre l'influence de Miasme, la sauvegardait de sa déchéance, ruiné et obligé à se cacher en permanence. Si la Jurisprudence apprenait son retour, ils ne prendraient pas longtemps pour envoyer tout ce qu'ils avaient à sa poursuite. Avant, elle les admirait, maintenant, elle était leur ennemi mortelle comme ils étaient le sien. Cependant, le temps lui avait permis de remettre en doute certain acte de ses bienfaiteurs de l'époque, une époque bien révolu.

Son regard allait et venait entre Dmitri au volant et Lucca. Elle était bien décidé à jouer sa princesse encore un petit moment, fallait profiter de ces moments, surtout que ce  n'était pas son premier protecteur qui agirait de la sorte avec elle. Enfin, si elle insistait vraiment, elle pourrait l'y contraindre, en théorie, mais elle devait être dans un certain état d'esprit pour ce faire, sinon elle avait doté son protecteur d'une bien trop grande liberté pour l'obliger aisément. Enfin, elle n'envisageait même pas cette option, elle avait trop besoin de lui et elle s'y était attachée, elle ignorait comment elle réagirait si elle devait le perdre. Cette seule pensée pouvait la faire frisonner de peur et la peur chez elle était un poison très dangereux. Le nombre de malade même ici était conséquent, si elle devait perdre le contrôle, c'est une guerre civile qui surviendrait. Ange ou pas ange, sa présence si proche risquait bien de surpasser leur autorité et apaisement sur les malades.

La voiture s'arrêtait, son regard allait de suite vers Dmitri, elle n'avait pas suivi le moindre échange qu'ils avaient pu avoir, un peu trop dans le vague pour y accorder de l'importance. Cependant, elle recherchait une forme d'approbation chez lui, consciente que sans celui-ci, la maison ne serait pas validé, il avait du comprendre ses plans. Elle ne voulait plus de l'appartement, mais elle était loin d'être consciente qu'il existait encore des maisons de ce type. Un peu trop  habitué aux ''maison'' dans les gratte-ciel et au dernier étage évidemment. Enfin, elle était un peu plus terre à terre à présent... Un peu. Pour le moment, elle ne ressentait qu'une méfiance, certaine chose ne lui plaisait pas, mais vu qu'il ouvrait la porte, Lumina était rassurée.

Bien décidé à profiter de son garçon, elle ne le quittait point et se retrouvait donc porté par lui jusqu'à l'intérieur avant de finir sur le canapé sans avoir à toucher le sol. Elle se mordillait la lèvre, fallait dire qu'elle adorait cela, elle se tortillait un peu dessus, gémissant un peu d'aise, ce n'était pas le plus confortable, mais déjà mieux que ces trucs bouffés par les rats dont elle  prenait horreur à s'habituer. Lucca était allé faire la vaisselle, un geste naturel dont il ne semblait pas vraiment se rendre compte et elle ne trouvait rien à dire. En fait, son regard était rapidement intéressé par les photos, une moue aux lèvres, elle allait devoir les retirer, il ne devait y avoir qu'elle dans son cœur après tout. Il finissait par proposer à boire et avec un humour un peu douteux elle demandait :

- J'aimerais un cocktail, le Zombi, merci mon Garçon.

Un sourire aux lèvres, fière de sa bêtise pas forcément de bon goût, mais voilà, ce qui la faisait le plus rire était son Dmitri. Elle en pouffait de rire, voilà l'un des deux sujets qui pouvait le pousser à supplier, la Vodka et la sécurité de sa Reine. Elle espérait pour le jeune  homme qu'il avait de la vraie Vodka, il marquerait quelques points au moins. Lumina cessait d'un coup de ricaner sur son canapé lorsqu'elle sentait le regard de Dmitri, ce dernier était allé devant un meuble où se trouvait des trophées de boxe visiblement. En vérité, il n'avait même pas encore posé les yeux sur elle et pourtant elle l'avait senti, comme si son attention avait été suffisante, lui permettant comme à chaque fois de croiser son regard et de comprendre en instant. Cette fois, c'était un sourire plus timide qui naissait sur son visage, rassuré, sincèrement heureuse et pas du tout exagéré comme souvent. Du coup, elle se tournait dans le canapé comme si elle voulait l'imprégner de son odeur tout en suivant l'échange des deux hommes.

Sans même observer, elle sentait le désir de son protecteur, frapper, tester et savoir s'il pouvait l'approuver. Curieusement, elle ne l'empêcherait pas, cela faisait partie des domaines sur lesquels même Lumina ne faisait que peu sa tête de mule. Certes, elle ne le laisserait pas lui prendre, elle jouerait avec lui avant, mais elle le laisserait derrière elle ensuite et cela peut être même à contre cœur. Pourtant, elle avait confiance, l'ADN de Lucca était parfait, comme Dmitri, ils étaient fait pour s'entendre... En théorie. Bon, au pire elle essaierait d'expliquer capitaine ses raisons. Quoi ? Oui elle pensait à dix secondes avant qu'elle suivrait l'avis de son Garde du corps, mais bon, l'idée de ne plus avoir son jouet tout neuf la chagrinait trop. Secouant alors la tête pour se sortir ses pensées, elle se redressait et regardait vers le duo dans l'attente de... Son Cocktail !

Nouveau revirement de pensée, elle se demandait s'il savait faire, ça serait tellement bien. On voyait aisément que ses conditions d'embauches n'étaient pas vraiment ceux de Dmitri. Elle demeurait patiente malgré cela, consciente de l'examen que passait le jeune, elle se levait alors, se dirigeant vers le mur où se trouvait l'une des photos de famille et la retirait tout simplement. Posant celle-ci sur un meuble, elle en fit de même avec les suivantes, ne voulant ni les voir, ni ramener ses souvenirs dans l'esprit de son Lucca. Marmonnant une fois terminé et qu'elle retournait au canapé :

- Je t'interdis de penser à une autre, idiot.

Sans doute l'un des rares sujets pouvant la mettre hors d'elle, si Dmitri devait avoir la moindre famille et en parler, voir même y penser, elle s'énerverait directement. Inconsolable et sans doute incompréhensible dans ses propos à ce moment là si une telle chose devait survenir. Que le Cocktail soit fait ou non, son regard plus... Dangereux et luisant se posait sur Dmitri. Elle avait soif d'un liquide dont seul son gardien pouvait avoir en sa disposition. Lumina avait laissé son esprit  un peu trop vagabonder, penser à ne plus être au centre de l'attention de Dmitri avait suffit à faire sortir un peu trop la Reine. Sur un ton presque glaciale et qui risquait de donner envie à Lucca de devenir une statut jusqu'à son apaisement risquait d'être presque irrésistible. Le pauvre n'avait pas encore obtenu  le libre arbitre, même s'il était encore très peu infecté :

- Dmitri, tu en as j'espère ?

Assise sur le canapé, fermant les yeux comme pour contenir ses instincts qui lui donnait envie de les prendre tous les deux en même temps et de s’imprégner de leur semence. La main légèrement tremblante, une pulsion refoulée et malgré la situation elle semblait demeurer très digne et gracieuse. Elle être certaine, juste de quoi apaiser, comme sentir une odeur rassurante pour calmer l'esprit. Lorsqu'elle serait satisfaite, elle s’allongerait à nouveau parfaitement calme. Lucca à nouveau pleinement en possession de ses moyens, s'il ne semblait pas pouvoir faire le cocktail, elle se contenterait de demander n'importe quel vin. Gardant les yeux fermées, elle finissait par enfouir son visage dans le coussin pour y renifler l'odeur du Garçon. Putain, elle allait lui en faire voir de toutes les couleurs à celui-là, qu'il se dépêchait de satisfaire son Dmitri.

Pourquoi un tel besoin ? Il était tôt, trop tôt, elle venait de prendre une dose et pourtant elle en ressentait le besoin. Un manque de confiance peut être, certes bref, mais présent ou alors c'était la situation et les pensées qui tournaient chez chacun. Tant de possibilité et très certainement aucune de véritablement bonnes. Si elle se fiait à son instinct, cela allait bien plus loin qu'un égarement et Dmitri l'avait sans doute perçu d'une manière ou d'une autre. Son inquiétude lorsqu'elle évoquait ses désirs était palpable et... Elle adorait cela.

Lucca n'avait pas de quoi faire ce qu'elle désirait, elle optait pour du vin et allait en chercher à la cave lorsqu'elle s'était calmé. Son protecteur en profitait, approchait en déballant une seringue pleine de sang d'Ange. Un frisson la parcourait, tant de désir que de dégoût, en arriver à faire cela pour lui échapper, mais tout était bon si cela lui permettait de ne pas céder. Sans cela, elle se changerait en la Reine, un corps très différent de celui actuel et qui en révulserait beaucoup. Enfin, les instincts de Dmitri le mettrait sans doute à mal, sous cette forme elle était diaboliquement plus puissante et il ne pourrait rien faire si elle en décidait autrement. Autrement dit, ici, c'était bien trop dangereux, beaucoup trop, surtout que tous les malades à des kilomètres à la ronde réagirait à sa présence. Il piquait enfin, elle avait détourné le regard pour ne rien voir, ne pas observer et savourait le délice que provoquait la substance et surtout l'allègement dans son esprit. Combattre sa propre nature n'était pas facile et encore moins avec les tentatives de son chère et tendre pour reprendre la main sur elle. Cependant, c'était autre chose qui l'inquiétait, il y avait forcément autre chose, elle venait de prendre une dose un peu plus tôt et n'avait encore jamais eu à en redemander si vite. L'inquiétude devait aller bien plus loin que ce qu'elle pensait et Dmitri l'avait sans doute remarqué. Il se gardait de faire un commentaire au départ, injectant le sang, rangeant le tout et allant à la fenêtre pour observer. Dire que l'instant d'avant il jugeait le jeune, semblait même plutôt approbateur, Lucca avait clairement grimpé dans l'estime du soldat. Il finissait par demander, il le devait, elle attendait cela de lui, l'avait même conçu pour cette raison et pour le coup elle ignorait quoi lui répondre sur le moment.

Cependant, le jeune revint, une bouteille en main, servant rapidement un verre qu'il lui apportait au canapé. Elle le prenait, silencieuse, un léger sourire pour le rassurer avant d'y tremper les lèvres. Le vin était bon, elle aurait bien goûté aux lèvres du petit, mais n'en faisait rien pour le moment et d'un geste de la tête le renvoyait à son rangement. Déposant ensuite le verre sur la table basse, elle se levait pour approcher de Dmitri. Là, avec une certaine tendresse, elle vint l'enlacer par derrière, ses mains d'une grande douceur glissant sur son ventre jusqu'à se refermer. Elle l'achevait en posant son front contre son dos, bien sûr, il ne la repousserait pas, jamais. Elle ne faisait même pas attention à l'apparition des tâches, elle ne les voyait même pas, elle avait sans doute trop l'habitude. Ignorant la présence de Lucca pour le moment, elle ne pensait qu'à son Dmitri et répondait à sa question dans un murmure. Le gamin pourrait entendre s'il faisait attention, mais dure de comprendre le sens de ses mots :

- Son regard est sur moi, j'ignore si quelque chose approche, mais je ne souhaite pas prendre le risque de me changer en Reine ici devant lui. Il est... Trop jeune pour cela. Mon Dmitri, mais rassure toi, je vais bien. Une simple mesure de précaution, si je remarque une autre raison, je te le dirais.

Le beau Russe ne devait plus savoir où se mettre, comme un gros lion rugissant qui se mettait à rougir d'un coup devant tout le monde, dure de résister à sa Reine lors d'un câlin. Elle le libérait ensuite de ses bras pour revenir au canapé, calme, en pleine possession de ses moyens. Son regard allant sur Lucca alors qu'elle récupérait le Vin et lui demandait ensuite :

- Tu es Malade Lucca, c'est trop récent pour qu'ils le remarquent, mais moi je suis différente, tu le sais, j'en suis la cause et il faut que tu comprennes ta situation. Vient par ici mon garçon, assis.

D'un signe de tête elle lui indiquait un fauteuil ou de prendre une chaise en fonction des disponibilité. Même sans avoir complètement l'aval de son protecteur, elle pouvait déjà lui expliquer sa situation et cela aiderait peut être son Dmitri à se décider. Il avait déjà plus accepté, donné son accord, mais elle voulait voir s'il irait jusqu'à ouvertement le valider ou non. Une fois Lucca sagement assit, quitte à insister, elle reprendrait la parole après avoir avalé une gorgée de Vin. Prenant son temps, des gestes lents et mesurés. La grâce dont elle faisait preuve ne laissait de doute quant à ses origines bien loin d'être modestes :

- Je suis ce qui s'appelle une Reine des Malades, il en existe très peu et je suis la seule à être capable de raisonner par moi-même. Je suis contagieuse, mais il est dans ma nature de l'être, comme un besoin, beaucoup de mes gestes proviennes de ses besoins.

Elle lançait un petit coup d'oeil à Dmitri, comme pour s'assurer qu'il était en place, qu'il s'occuperait de faire en sorte que le jeune ne fasse rien d'idiot. Sa voix était étonnement douce malgré la teneur de la discussion, détendu et pleinement en possession de ses moyens :

- J'ai senti chez ta sœur une odeur, un marqueur dans ses gènes qui me rappel celui de mon Dmitri, c'est ce qui ma fait la toucher, mais en vérité, ce n'était pas elle que je voulais, c'était toi. On ma tout pris, la Jurisprudence à commencé et celui qui ma fait cela à terminé le travail. Me laissant rien d'autre que la Reine que je suis... J'ai alors conçu mon Dmitri et maintenant ça sera toi.

Sa langue passait sur ses lèvres dans un geste dont elle n'avait même pas conscience, salivant déjà devant sa future acquisition si tout ce passait bien :

- Autrement dit, tu as ce que je veux, tu m'appartiens donc et dans ta situation tu n'as guère le luxe du choix. Mon garçon, tu es déjà Malade...

Elle se faisait observatrice, voulant voir comment il prenait les révélations et à quel point il saurait les gérer ou non. Mentionner ce qu'elle avait perdu, même sans rentrer dans les détails la faisait toujours souffrir, mais en même temps, ce qu'elle avait à présent comblait tellement le vide qu'elle avait du mal à y voir pleinement une perte. Cela reviendrait à repousser sa nature et elle le faisait déjà bien assez à son goût et se refusait à oublier la dévotion ainsi que l'amour que lui portait tous les malades.

Je n'imaginais pas qu'elle m'offrirais un tel contact. Quand les bras de Lumina vinrent à donner à mon corps cette douce étreinte, j'en cru presque revenir à la vie. La vrais vie. Mais ce contact ne devait pas durer, nous savions tout deux que nos propres instincts étaient bien plus exacerbées par la proximité. Je m'efforçais de masquer les effets les plus ... Visibles de cette marque d'affection spontanée. Elle marquait un temps, puis me laisser savoir que son regard était à nouveau sur elle. Peut être que quelque chose approche, mais elle ne pouvait en être sûre. "Il" n'enverrais pas ses légions sur l'une des villes de la Jurisprudence, cela provoquerait une riposte trop violente, à tout le moins, c'est ce que j'imaginais. Mais je ne suis pas le roi des malades, je n'ai ni son esprit, ni sa façons de pensée. Mais la ville serait en état d'alerte si une armée approchait. Non, c'était trop calme... Peut être un agent unique ? C'était déjà plus probable, même si je ne sais pas quel genre d'agent il pourrait avoir. Nous n'avions encore jamais eu de "réel" problème depuis que nous étions partis des U.S.A.

Alors qu'elle me relâchait, je me sentais presque une envie de la ramener contre moi, de la faire mienne ici et maintenant. C'était dur, très dur de retenir ces pulsions au plus fort de leurs tempo. Je soufflais un coup, profitais des dernières traces de chaleur qu'elle avait laissé avant de redevenir froid. Je secouais la tête, les mains croisés dans le dos, j'observais par la fenêtre alors que derrière moi elle entamait enfin les explications au nouveau. Je ne doutais pas qu'il faudrait le convaincre, je sentais son regard se tourner vers moi avant même de me retourner. J'observais Lucca, mon regard exprimant mon approbations des dires de ma Maîtresse. Je souffle un coup et vint à prendre la parole à mon tour. Je n'aime pas spécialement prendre la parole, je suis un homme d'action, mais c'était parfois nécessaire.

- Tout est vrais, Lucca. Tu as surement toute les raison d'en douter, alors laisse moi te montrer quelque chose. Je prenais alors une inspiration, puis laissait lentement la putréfaction courir le long de mon corps, l'arrêtant avant qu'elle n'atteigne mon visage. Des veines oscillant entre le vert et le noir, signe de mon sang pourrissant, étaient le premier indice. Je venais ensuite remonter ma manche, dévoilant ma chaire verte, trouée, l'os visible à peu près au milieu de l'avant bras, les lambeaux de peau laissant voir par endroit les muscles battant et tendu dans mon bras. L'odeur de décomposition était légère, à peine perceptible, très bien masquée par divers artifices, notamment une forte odeur de cendre. Des petits trucs et astuces qu'on apprend avec le temps.

- Je n'irais pas par quatre chemin, tu es un homme de talent, cela se vois. Et ton talent est, dans tout les cas, gâché dans ces combats de rue. Comme l'a dit Lumina, tu n'as pas le luxe du choix, ce n'est pas tout à fais vrais. Tu peux choisir de résister à ta nature, mais au final, cela ne t'apportera que des souffrances, à toi et à ceux qui t'entourent. Auprès de nous, tu as une chance de faire bouger les choses, de participer à quelque chose de plus grand.

En effet, il était grand temps que j'ai cette discussion avec Lumina, nous ne pouvions nous contenter de nous cacher, tôt ou tard, "Il" finirait par nous retrouver, et nous n'avons pas les moyens pour le repousser indéfiniment à l'heure actuelle. Il nous fallait passer à l'offensive si nous voulions avoir une chance, selon moi. Mais pour cela, il allait falloir à ma Maîtresse des agents, malade ou non. Et une armée. Mais nous étions là sur du très long termes. Pour l'heure, il lui fallait des protecteurs et des conseillers. Comme toute reine, elle se doit d'avoir une cours, après tout.

- Wojna, la guerre. C'est une guerre qui se prépare et elle changera à jamais la face du monde et l'équilibre des forces. Tu as l'occasion d'avoir un partis assez tôt pour pouvoir faire la différence, ne crache pas dessus.

Ma Maîtresse savait convaincre de par son charisme et l'attraction que les malades avait pour elle, mais Lucca, je le voyais en lui. Lucca avait quelque chose dans son regard qui m'indiquait que sa vie, même si elle est "bien", l'ennuie. Alors je lui proposais exactement ce qu'il, je penses, souhaite. Une vie hors des carcans de la Jurisprudence, une vie ou les combats ne se feront pas que sur un ring. Une vie ou il sera avec l'une des plus belle femme de ce monde, une vie ou il sera au coeur de l'action.

J'avais dit ce que j'avais à dire, et en retournait alors à mon observations, la fenêtre comme point d'ancrage, je rivais mon regard sur l'extérieur, avisant les toits, les ruelles... Je venais ensuite glisser un écouteur à mon oreille et me branchait sur la fréquence de la police, écoutant d'une oreille attentive les deux conversations, c'était l'un des petits bonus d'être ce que je suis, après tout, d'être multitâches.

Un certain nombre de choses se produisait ensuite, comme l'intervention de Dmitri, lorsqu'il avait décidé d'intervenir à son tour pour confirmer ses dires, elle s'était contentée de se relaxer dans le canapé. Laissant ainsi les deux discuter, elle aimait entendre la voix de son protecteur, elle trouvait celle-ci toujours rassurante, agréable et cela malgré ce qu'il pourrait dire à ce sujet. Elle commençait à bien le connaître, à ses yeux sa voix n'avait rien d'agréable, l'alcool, la dure vie qu'il avait derrière lui avait plutôt tendance à rendre sa voix cassante et enrayée. L'on pouvait ajouter ses habitudes à parler Russe, ce qui n'arrangeait rien et pourtant elle pourrait fermer les yeux et se laisser bercer.

Évidemment, elle n'en faisait rien, elle préférait en l'état écouter ce qui pouvait être dit et voir ce qui pouvait être vue. Dmitri dévoilait une partie de sa véritable apparence, c'était un fait, ce qu'il montrait à tous était une vitrine, une façade bien faite permettant à ce dernier de me protéger où qu'elle aille. Elle avait pensé le laisser derrière elle une fois arrivé à la Jurisprudence, mais il était si spécial à ses yeux qu'elle en aurait trop soufferts. Puis, elle devait bien l'avouer, sans lui, elle serait sans doute soit aux mains de la Jurisprudence, soit entre celle de son cher et tendre. Aucune des deux options ne lui convenait, alors autant choisir celle où il était avec elle pour faire ce dont pourquoi il était si doué. L'entendre dire que le petit Lucca avait du talent la rassurait, elle le savait déjà, il avait aussi déjà confirmé un peu plus tôt qu'il était validé, mais l'entendre de vive voix était toujours plus appréciable. Son discours la mettait cela dit un peu mal à l'aise, il parlait de participer à de grandes choses et que ce dernier gâchait son talent. Pour être sincère, elle ne saurait vraiment le confirmer, mais surtout, ce qui la dérangeait, était qu'elle serait bien incapable de nier. Elle était partagée, tout dépendait d'à quel point la Reine en elle était en éveil ou non et elle en était bien consciente. Cependant, elle hochait la tête naturellement lorsqu'il évoquait le fait que résister ne lui apporterait que souffrance, à lui comme son entourage. C'était même une certitude et elle devrait sans doute culpabiliser, sauf que ce n'était absolument pas le cas. Elle le voulait, dès cet instant la volonté que pouvait avoir le sujet de son désir n'avait plus la moindre importance, pire, il devait aller dans son sens. Elle n'avait aucune honte à avoir retiré les photos, rendu malade ses sœurs, elles étaient un mal nécessaire pour atteindre son but, voilà tout et maintenant qu'elle avait Lucca, il se devait de l'aimer.

Le grand discourt de Dmitri lui rappelait l'une de leurs premières rencontres, lorsqu'il avait un briefing à son équipe chargée de sa protection, il avait du charisme lui aussi, même s'il ne s'en rendait pas compte. Il était un bon meneur d'homme, sans doute parce qu'il n'aimait pas forcément cela, cette pensée arrachait un petit sourire à la Reine. Ce n'était pas grave, il n'aurait pas à diriger, seulement à conseiller à présent. Néanmoins, son petit sourire disparaissait lorsqu'une guerre fut évoquée, elle ne nierait jamais cette vérité, une guerre se préparait dans l'ombre de l'humanité, encore plus terrible que la troisième grande guerre, car celle-ci déciderait sans doute du sort du monde sur le long terme. Son Roi finira par venir, son armée aussi, Lumina possédait quelque chose qu'il voulait, dont il avait besoin, le pouvoir de rendre malade n'importe quoi et n'importe qui. Lui-même ne l'avait pas, mais c'était tout le but derrière la création des Reines, ainsi, il augmentait le potentiel de création et il avait fini par découvrir la Reine des Reines. Rien que le fait de pouvoir échapper à son contrôle était une preuve en soi, même si elle l'aimait toujours encore autant et que cet éloignement lui déchirait le cœur.

Perdu dans ses pensées depuis l'annonce de la guerre, elle ne revenait à la réalité que lorsque Lucca s'adressait à elle. Son petit sursaut était assez évocateur pour le coup, elle souriait ensuite légèrement, son résumé n'était pas vraiment juste, mais il avait compris que la guerre ne mentionnait pas la Jurisprudence, mais bien autre chose. Il y avait encore bon nombre de choses qu'il ne semblait pas capable de comprendre, mais ce n'était pas bien grave en soi et elle ne prendrait sans doute plus complètement la peine de tenter de lui expliquer, ou alors que très rapidement. Lorsqu'il avouait qu'il ne pouvait nier ce qu'il avait vu, elle hochait la tête, bien heureuse que cela soit rentré et elle se contentait de jouer avec ses cheveux lorsqu'il s'adressait à Dmitri à propos d'une dame. Heureusement qu'il ne paraissait pas particulièrement l'apprécier, elle aurait été capable de demander à Dmitri de la bouffer...

Il s'était installé de nouveau dans le canapé, enfin, depuis peu, cessant de faire les cent pas et demandait ce qu'elle attendait de lui ainsi que ce qu'il pouvait avoir d'intéressant. Elle penchait alors la tête sur le côté, intrigué, réfléchissant avant de regarder Dmitri, puis de nouveau le jeune. Là, elle se levait pour littéralement finir à califourchon sur Lucca, encadrant autour de la nuque du bel homme. A nouveau, elle se mordillait la lèvre inférieur, comme si elle devait contenir un puissant désir et ne répondait qu'après quelques dizaines de secondes à profiter de cette proximité :

- Je veux que tu deviennes comme mon Dmitri, un malade très spécial, capable de se fondre dans la masse des humains ordinaires, mais tellement plus fort que ces derniers. Tu seras plus résistant, plus endurant, plus puissant que jamais et tu dépasseras amplement les limites humaines. Tu deviendras mon second garde du corps, un conseillé, un frère, un amant, un confident et tant de choses au gré de mes envies.

Oui, lorsqu'elle parlait d'attente, elle n'y allait pas par quatre chemin et dévoilait son visage possessive et dominatrice. Elle ne s'arrêtait pas à si peu et ajoutait tout en laissant sa poitrine se presser contre le torse de Lucca :

- Ta famille et surtout toi, vous avez un petit quelque chose en plus. Tu ne sembles pas comprendre les mots, alors souviens toi de mon Dmitri, tu peux être comme lui, ce n'est pas le cas de tout le monde. Il faut... Un petit quelque chose qui est décidé à la naissance et que tu as su cultivé par une vie de labeur et de difficulté.

Elle gloussait légèrement, comme si elle devenait toute heureuse à l'idée de pouvoir ouvrir son cadeau et son visage s'approchait de celui du jeune homme. Elle était si proche, collé à lui presque entière, seule ses lèvres n'étaient pas collé à lui, quelques petits centimètres à peine et elles se souderaient à lui :

- Cependant, ce n'est pas tout, il y a un dernier critère qui joue et ce sont mes désirs. Tu auras beau avoir ce qu'il faut, si ton visage, ton physique, ton odeur, ton attitude et tant d'autres critères ne me plaise pas, alors je n'aurais rien fait.

Sa langue s'échappait et elle donnait un petit coup de langue sur les lèvres de Lucca, comme si elle y mettait la clef pour qu'il ouvre le coffre et elle ajoutait ensuite :

- Tu as de la chance, tu possèdes un grand nombre de qualité qui me plaise, je vais donc te faire mienne et tu ne seras jamais plus seul. Tu auras même un but dans la vie fantastique. Ce que le monde à ignoré de toi, je l'ai vue, je vais l'exploiter, tu n'as fait qu'effleurer ton potentiel et je ne laisserais pas un diamant si bien taillé demeurer en simple décoration.

Ses mains se détachait de la nuque et vinrent sur les joues alors qu'elle donnait l'ordre :

- Je te veux, ta Reine te l'ordonne, embrasse-moi !

L'autorité de la Reine pleinement présente, même s'il voudrait refuser, cela risquait de lui être très difficile et il y avait peu de chance qu'il ne le souhaite pas de toute façon. Elle avait décidé qu'il serait sienne et elle ne laisserait jamais s'échapper un être qu'elle désirait. Évidemment, elle s'était gardée de lui révéler ce qu'il se passerait ensuite, à peine aurait-elle fini de posséder ses lèvres durant une longue minute que le monde changerait à jamais pour lui. Le plaisir sans doute incommensurable d'avoir embrassé la Reine des Malades laisserait la place à une douleur sans nom, sans description possible. Sentir son corps changer, muter, que cela soit à l'intérieur comme à l'extérieur. Sa peau allait s'éclater par endroit, pourrir, ses organes allaient moisir par endroit, mourir à d'autres, il allait devenir un malade supérieur et être parfaitement conscient durant tout le long. Trop faible pour se débattre, comme prisonnier de son propre corps qui le torturait, mais qui devenait aussi plus fort que jamais.

Elle s'approchait de Dmitri pour poser son front contre son épaule, chantonnant une petite mélodie que seul les malades pouvaient entendre, car elle était dans leur tête. Elle ne faisait pourtant que fredonner, mais c'était tellement agréable, c'était sans doute la seule chose qui diminuait un peu la douleur de Lucca. Il allait vénérer cette mélodie plus chaude que le corps d'une femme plaqué contre lui sous les draps en plein hiver. Elle cessait un cour instant, mais uniquement pour donner une directive à Dmitri :

- Bâillonne le et emmène le dans une des chambres. Il va souffrir ainsi pendant au moins une dizaine d'heures et il ne faudrait pas qu'il réveil tout le quartier quand le pire arrivera. Je suis si heureuse mon Dmitri, tu n'es plus seul pour veiller sur moi.

Elle relevait la tête pour déposer un baiser sur sa joue avant de le plaquer contre le mur avec une force qui était loin d'être humaine. Lumina cherchait ses lèvres pour l'embrasser, délicatement, ce qui était assez paradoxal avec la façon de le bloquer contre le mur, il pourrait sans doute résister, mais pourquoi le faire ? Après avoir profité de lui, elle se décollait, souriante et satisfaite. D'un signe de tête elle pointait la direction de Lucca, comme pour lui rappeler ce qu'elle avait dit. Elle retournait chercher son verre pour le boire d'une traite et recommençait à fredonner tout en tournoyant dans le salon. C'était comme la voir danser à un bal dont elle était la seule à pouvoir entendre la musique et pourtant si un malade la fixait, il pourrait presque entendre la mélodie sur laquelle elle dansait avec délicatesse.